Paul Van Gysegem Quintet : Square Talks
Les notes intérieures de la pochette l’indiquent à la façon d’un aimable avertissement : il ne faut pas juger l’homme par la taille de sa discographie ! De fait, celle de Paul Van Gysegem se réduit à une poignée de parutions. C’est peu au regard de son âge avancé (85 ans) et du parcours qu’il a suivi depuis plusieurs décennies, à la fois comme contrebassiste mais également comme compositeur. Actif au sein de la scène gantoise dès la charnière des années 60 et 70, on lui doit l’organisation de bon nombre de concerts mais aussi l’album « Aorta », paru en sextet sous son nom en 1971. Un disque qui avait fait l’objet d’une réédition il y a dix ans par le label Futura, tant son avant-gardisme free ne s’est pas estompé à ce jour. Il a joué notamment aux côtés de Steve Lacy, de Fred Van Hove ou encore de Mal Waldron. Parallèlement, Van Gysegem s’est forgé un nom comme artiste plasticien et certaines de ses sculptures sont visibles en plein air. Mais, c’est peut-être au sein de la formule du quintet qu’il (re)trouve la quintessence de son art. Accompagné par Cel Overberghe au sax, Patrick De Groote à la trompette et au cor, Erik Vermeulen au piano et Marek Patrman aux percussions, il dit se sentir comme « à la maison » avec ceux qu’il nomme ses comparses de route. Musicalement, les cinq évoluent dans les parages d’un jazz en grande partie improvisé (le disque est enregistré live au JazzCase à Pelt en septembre 2019), articulé par des petits phrasés libres, spontanés et contrastés qui parfois ne conduisent nulle part, mais qui peuvent aussi vous guider à des lieues de distance entre ce que vous aviez cru percevoir et ce que vous percevez réellement. Une musique ouverte, assurément, et ce dans tous les sens du terme.
Eric Therer
