Pépites #23, Around Jazz

Pépites #23, Around Jazz

Around Jazz, quelques pépites…

C’est du jazz… mais pas tout à fait non plus. Voici une collection de disques qui méritent qu’on leur rétrocède une oreille très attentive.

Portico Quartet, Untitled 

GONDWANA RECORDS

Derrière ce (non) titre mystère se cache, entre parenthèses, la suite rêvée du résurrectionnel « Art In The Age Of Automation » publié il y a un peu plus d’un an par le label Gondwana. Sans doute enivrés par notre bonheur de retrouver la formation dans son line up originel et… par le bonheur qu’ils ressentaient eux-mêmes à revivre la genèse de leurs aventures, les Londoniens du Portico en avaient gardé un peu sous le coude. Pour la route, au cas où ! J’en ai un peu plus ! Je vous le sers quand même ? En version dancefloor/ambient ? Évidemment ! Les chutes du #1 valent largement un crochet et une écoute attentive. A la parfaite convergence du trinôme jazz/electro/dance, le quartet au hang drum récupère des bandes abandonnées de grande valeur, qui composent bien mieux qu’un disque satellite de seconde division. De quoi à nouveau jouer les trouble-fête.

Keir Vine, Instance

TRESTLE RECORDS

Ne quittons pas les zones brumeuses du Portico Quartet trop rapidement. Le son reconnaissable de la formation, comme nous le disions, repose en grande partie sur l’utilisation du hang drum (un instrument métallique de la famille des idiophones). Au sein du groupe, cette tâche est confiée au multi-instrumentiste Keir Vine, auteur depuis peu d’un album solo « Instance » aussi méditatif que personnel. Sachant que l’homme s’est éloigné du groupe en 2014 (avant d’y revenir à notre plus grande satisfaction trois ans plus tard) pour poursuivre une carrière de compositeur pour le théâtre, les installations en galeries et les films underground, on se doute bien que cet album solo naviguera en eaux plus troubles. De fait, tandis que ses camarades jouaient les archivistes, Keir Vine composait le matériel de ce vinyle plus ambient, plus fouineur, bref plus risqué. Plus question de plénitude et encore moins de dancefloor : juste quelques instants fragiles et contemplatifs que l’auteur nous dévoile du bout des lèvres…Simplement beau ! 

Camille-Alban Spreng’s Odil, Réson

QFTF

Voici venir le deuxième album de la formation Odil, emmenée par le claviériste Camille-Alban Spreng, un pilier de la bonne entente belgo-suisse. « Réson » (la contraction des mots résonance et raison) démarre en douceur par une ballade crépusculaire durant laquelle la guest/chanteuse Leïla Martial tentera de ne pas se faire désarçonner. Car ses collègue du quintet aiment glisser des lâcher-prises sous vos pieds aux moments les plus inattendus. Qu’importe : comme l’autre invité de cette (dé)Réson, Valentin Ceccaldi (décidément au four et au moulin en ce moment), elle sait se montrer volubile à l’occasion et ne craint pas l’enchevêtrement des notes. Si Odil joue sur plusieurs tableaux simultanément, du jazz au rock et du rock à une certaine forme de musique contemporaine, le quintet amélioré prend aussi régulièrement des chemins plus tordus, quitte à nous perdre dans ce choix délibéré. Mais pas de panique ! Avec « The Edge Of the Universe », ce roman aux multiples rebondissements se termine néanmoins en happy end

 

Joseph « YT » Boulier