Pépites #50, Around Jazz
Around Jazz, quelques pépites…
C’est du jazz… mais pas tout à fait non plus. Voici une collection de disques qui méritent qu’on leur rétrocède une oreille très attentive.
Lux Montes,
La Verdad
Une jeune chanteuse qui cite pêle-mêle Beth Gibbons, Björk, PJ Harvey et Chan « Cat Power » Marshall parmi ses « influences inconscientes » (sic), ça interpelle… Ces artistes ne voguent pas spécialement sur les mêmes rafiots, mais elles ont toutes en commun une fibre unique : l’expressivité. Alors on écoute attentivement ce que Lucile Beauvais (que nous appellerons dorénavant Lux Montes) a à nous dire, ou plutôt ce que sa musique et ses textes expriment. Avec ce premier album « La Verdad », qui fait suite à deux EP sortis confidentiellement il y a déjà un bon moment, Lux Montes nous invite dans son univers intimiste, où une pop sombre et mélancolique côtoie un post-rock expérimental. Réalisé quasiment en autonomie propre, avec l’aide de quelques machines, d’une guitare et de drums conciliants, cette « Verdad » à l’esthétisme bouleversant méritait sans aucun doute qu’on s’y attarde un peu… Une belle claque à prendre au KulturA de Liège, ce samedi 28 septembre, puis au Café Central de Bruxelles, le vendredi 23 octobre.
Stefan Aeby,
Piano solo
Cet exercice du « piano solo » me fait immanquablement penser à cette chanson de CharlElie Couture, « Les pianistes d’ambiance », à ces paroles d’une justesse redoutable (ce qui est souvent le cas chez Couture)… « (…) Il est gentil, mais c’est comme tous les artistes, il est feignant… », puis, plus tard, « Hormis ceux qui ont réussi, alors là on dit : vous avez dû travailler beaucoup pour en arriver là ! ». Mais ce n’est pas le sujet, juste une introduction à la chronique d’un « piano solo ». On ne doute en effet pas un seul instant, même si Stefan Aeby ne roule probablement pas sur l’or, qu’il ait dû travailler beaucoup pour en arriver là. Ceci dit, il y a « piano solo » et « piano solo », comme il y a « Dupond » et « Dupont » (et inversement), et même plus qu’une subtilité. Ici, et particulièrement chez Intakt Records, on sort allègrement des balises et des standards. Au hasard, écoutez si ce n’est déjà fait le « 10 Years Solo Live » de Brad Mehldau (un coffret quatre cédés paru chez Nonesuch). C’est limpide et fluide comme une eau de roche. A l’opposé, Stefan Aeby n’a « pas fait le chemin pour rien » (selon l’expression connue). En dehors de son trio ou de ses collaborations (par exemple, avec Sarah Buechi), le pianiste se montre aventureux, et vagabonde entre un classicisme d’ambiance et des sonorités rarement soutirées d’un piano. Un instrument qui appartient bien à la famille des « cordes frappées ». Il nous le rappelle…
Trondheim Jazz Orchestra &
Ole Morten Vägan,
Happy Endlings
A l’opposé du « piano solo », voici le Trondheim Jazz Orchestra, une grande formation norvégienne (treize âmes qui s’interchangent) que l’on ne présente presque plus. Cela fait en effet vingt ans qu’ils déplacent leur festin musical aux quatre coins du Globe, en présence de musiciens aussi prestigieux que Chick Corea ou Joshua Redman. Vingt ans, et ce vingtième album épique, enregistré sous la direction du bassiste Ole Morten Vägan, qu’ils vous présenteront au Bozar de Bruxelles, ce samedi 19 octobre, en compagnie du saxophoniste Marius Neset. Inconditionnels des atmosphères «Bernstein» et des douces folies zappaiennes ? Achetez ce disque, et réservez déjà vos tickets !
Joseph « YT » Boulier