Peter Van Huffel’s Callisto : Meandering Demons
Ce qui surprend quand on écoute Peter Van Huffel pour la première fois, c’est sans aucun doute l’intensité de son jeu. Il s’y donne corps et âme, sans fard, sans fart. Il peut être aussi à l’aise à l’alto qu’au baryton, en trio, en quatuor qu’en quintet. Le saxophoniste originaire de l’Ontario s’est établi à Berlin il y a longtemps déjà, après avoir étudié et vécu à New York. On rappellera qu’il fut marié à notre compatriote Sophie Tassignon (le disque « Huffignon » paru également sur Clean Feed est un des legs de cette union). L’année dernière, nous avions été séduits par « Mind Raid », son opus réalisé avec son trio Gorilla Mask. Même impression d’enchantement avec ce nouvel album au sein de Callisto. Un quatuor dépourvu de bassiste mais dont la rythmique (le batteur allemand Joe Hertenstein) est sagacement renforcée et épaulée par l’électronique, celle du pianiste grec Antonis Anissegos et celle de Van Nuffel lui-même. Peter ne joue ici que du baryton, ce qui confère aux sept longues compositions une densité plus grave, plus chargée. La trompettiste canadienne Lina Allemano complète ce tableau avec une présence et une force lyrique remarquable. « Meandering Demons » est leur premier album. La captation son s’est faite au célèbre studio Hansa de Berlin qui a vu défiler en son temps Bowie, Iggy, Nina Hagen, Tangerine Dream, U2 et bien d’autres. Il a été enregistré et mixé par Martin Offik, un producteur qui a notamment travaillé avec Nils Frahm et avec des ensembles de musique classique contemporaine. Masterisé main de maître par James Plotkin, connu pour ses accointances avec le doom métal et la musique industrielle, il se pare de cette estampille un rien menaçante que le bruit se plaît à charrier dans son sillage.