Philippe Laloy, Kind of Pink
Philippe Laloy
Kind of Pink (Homerecords)
Dans le parcours du saxophoniste et flûtiste Philippe Laloy, il y a une constante manifeste : la recherche d’une ligne mélodique fluide et épurée. Cette constante, on la retrouve dans les différentes formations auxquelles il a participé : que ce soit avec l’accordéoniste Tuur Florizoone et le contrebassiste Vincent Noiret (les trois albums de Tricycle : “King Size”, “Orange For Tea” et “Queskia” en 2011), avec Karim Baggili (“Sigh Moon” du trio Traces, “Cuatro con cuatro” ou “Léa et Kash” des groupes du joueur d’oud) ou avec la pianiste Marie-Sophie Talbot (“Souffle” de la formation Tangram en 2011). Il n’est donc pas étonnant qu’il ait été attiré par la musique planante de Pink Floyd que son père lui avait fait écouter. Du groupe de rock psychédélique britannique, Philippe Laloy a surtout été attiré par les thèmes mélodiques dont il propose, avec son trio largement acoustique, une version épurée. A ses côtés, le guitariste Emmanuel Baily et le contrebassiste Arne Van Dongen, deux musiciens au parcours musical riche en chemins de traverse. Premier Prix du Conservatoire de Liège dans la classe de guitare de Luc Vanderborght, Manu Baily a aussi participé aux classes de Jean-Paul Peuvion et Michel Massot ainsi qu’à la section d’improvisation de Garrett List. Il a fondé, avec la violoncelliste Marine Horbaczewski, le Wang Wei Quartet, à la suite d’un voyage en Chine (2007), mais aussi le Bai Lee Quartet, avec le saxophoniste Laurent Meunier, dans un répertoire emprunté aux grands jazzmen belges. Après avoir joué avec André Klenes (contrebasse), il a rejoint l’Orchestre ViVo de Garrett List et participe actuellement au Birds Project de Fabrizio Cassol (à ce propos, voir l’interview d’Antoine Pierre). Quant à Arne Van Dongen, diplômé des Conservatoires d’Anvers et de Bruxelles, il s’est aussi bien frotté à la musique classique avec l’Orchestre de la Monnaie qu’à la tradition folk avec le groupe Panta Rhei où il a croisé Philippe Laloy ou au pop-jazz de Mathilde Renault (album “Aliana Luda”). Pour ce qui est du répertoire, Philippe Laloy a opté résolument pour la période de Pink Floyd réunissant David Gilmour à la guitare, Roger Waters à la guitare basse et Richard Wright aux claviers, soit pour trois albums des années 1970 : le célèbre “The Dark Side Of The Moon” de 1973 (Breathe, Money, Brain Damage, Us And Them, The Great Gig In The Sky), “Wish You Were Here” de 1975 (titre éponyme) et “The Wall” de 1979 (Goodbye Blue Sky, Another Brick In The Wall, Is There Anybody Out There). D’un pizzicato alerte et solide, Arne Van Dongen tisse la trame rythmique sur laquelle viennent se greffer les volutes suaves du saxophone alto (Philippe Laloy a été l’élève de Steve Houben au Conservatoire de Bruxelles), les envolées fluides de la flûte et les entrelacs des guitares de Manu Baily, guitare acoustique (Wish You Were Here) ou électrique (Another Brick In The Wall). Quant à Philippe Laloy, il alterne envolées à l’alto (Breathe, Money, Breathe 2 et belle intro solo sur Brain Damage), flûte à la sonorité limpide (Another Brick In The wall, The Great Gig In The Sky) et flûte basse à la beauté ombrageuse (Goodbye Blue Sky, Us And Them). “Another Side Of Pink Floyd” titre la pochette ou si vous voulez “Ten Shades Of Pink” tout en nuances envoûtantes. Une tournée est programmée pour le mois de septembre 2014 dans le cadre du JazzTour.
Claude Loxhay