Pierrick Pédron : Fifty-Fifty
Déjà dix ans que sortait l’album de Greg Houben qui nous faisait découvrir ce saxophoniste français de quarante ans, fougueux et profondément enraciné dans la culture du jazz d’Outre-Atlantique. Lors de concerts, notamment au Gaume Jazz, les références ne manquaient pas et volaient haut : on parlait de Julian Cannonball Adderley, de Jackie McLean. Son premier album en tant que leader, « Cherokee » en 2001, donnait déjà le ton d’un musicien influencé par Parker, et par Monk par la suite avec « Kubic’sMonk » en 2012. Enregistré à New York en janvier 2020, ce « Fifty-Fifty » reste dans la lignée d’une tradition complètement maîtrisée, avec le « plus » d’une section rythmique étincelante. Au piano, celui qu’on s’arrache, de John Scofield à Cecil McLorin-Salvant, Sullivan Fortner brillant de bout en bout ( suivez son solo sur « Unknown 2 »). Puis Larry Grenadier à la contrebasse, et Marcus Gilmore à la batterie. L’album s’ouvre sur « Bullet T » et un tempo d’enfer mené par la ligne de basse dynamique de Grenadier. Quelques moments bienvenus de relâchement comme « Sakura » ( plusieurs titres font référence aux voyages de Pierrick Pedron au Japon) et la machine repart de plus belle. Toutes les compositions sont du saxophoniste avec l’appui de Laurent Courthaliac pour quatre d’entre elles, respectant la structure classique des standards, avec une sincérité et une énergie qui font plaisir et qu’on aimerait découvrir sur scène. Pierrick Pédron réunira-t-il ce prestigieux quartet pour une tournée européenne ? C’est tout le mal qu’on lui (nous) souhaite. Un plaisir n’arrivant jamais seul, ce bien nommé « Fifty-Fifty », outre le fait qu’il fait allusion aux cinquante ans du saxophoniste, annonce un second volet plus « jazz soul » à paraître cet automne, enregistré cette fois à Paris avec de jeunes musiciens français. En attendant, on peut se repasser cette session new-yorkaise jusqu’à plus soif.