Potsa Lotsa XL & Youjin Sung : Gaya
L’année dernière nous vous présentions dans ces pages Silke Eberhard, talentueuse saxophoniste alto et clarinettiste, compositrice se revendiquant de l’influence d’Eric Dolphy et d’Ornette Coleman, récipiendaire en 2020 du fameux Jazzpreis de Berlin. Son trio venait de sortir le revigorant « Being the Up and Down » sur le label Intakt. L’autre projet au sein duquel elle évolue est son big band Potsa Lotsa. C’est à ce dernier que l’on doit l’ambitieux hommage « The Complete Works of Eric Dolphy ».
Aujourd’hui, il s’associe à la Coréenne Youjin Sung pour cet album dédié au gayageum, un instrument de musique traditionnel coréen de la famille des cithares, comportant douze cordes de soie et une structure et caisse de résonance en bois de paulownia. Eberhard a écrit les cinq pièces, titrées en alphabet coréen, lesquelles forment la suite de « Gaya » pour une durée totale assez concise d’une demi-heure à peine.
Les premières mesures donnent le ton. On est ici dans la rencontre entre deux univers. D’une part celui d’un big bang de jazz contemporain largement pourvu en cuivres et suivant des schémas rythmiques familiers. D’autre part les résonances d’un instrument qui ne nous est pas familier, évoquant un Orient lointain. Et pourtant il ne s’agit pas d’une simple adjonction stylistique et encore moins d’un placage sonore de façade. Ce qui est à l’œuvre ici tient d’une véritable complicité harmonique et humaine.