Prof. Alex Bradford : Feel Like Running for the Lord ‐ Early Recordings 1950-1961
Gospel Friend ‐ Références catalogue : PN-1516
C’est à partir des années 60 que le Black Gospel s’est imposé en Europe. En 1961, Mahalia Jackson a rempli les plus grandes salles de concert à Londres, Berlin Est, Francfort, Copenhague, Stockholm, … Ernestine Washington et les Roberta Martin Singers, entre autres, furent les vedettes du Spoleto Festival en Italie en 1963. Sister Rosetta Tharpe fit une tournée européenne en 1964, au sein de l’American Folk Blues & Gospel Caravan et, avant cela, en 1962, l’Europe accueillit, avec un succès inouï, la tournée Black Nativity, avec Marion Williams, soliste des Stars of Faith, Madeleine Bell et avec… Alex Bradford ! Tous ces solistes et groupes (dont Bradford) firent des carrières prestigieuses et appréciées d’amateurs de plus en plus nombreux.
Alex Bradford était né le 23 janvier 1926 à Bessemer dans l’Alabama, près de Birmingham. Il fut élevé dans un bain de gospel avec les Jubilee Groups locaux, mais aussi avec les artistes en visite comme Arizona Dranes, la pianiste aveugle du Texas, adepte du ragtime, Mahalia Jackson, « Queen » C. Anderson, etc. Doué pour la musique, ses parents lui firent donner des leçons de chant, de piano et de danse. Il fit de solides études secondaires, achevées à New York, puis des études supérieures au très renommé Snow Hill Institute, avec de brillants résultats en histoire, anglais et musique. Avec ce solide bagage, il fut d’abord incorporé dans l’armée US puis, démobilisé en 1947, il s’installa à Chicago, bien décidé à se faire une place dans le show business. D’abord secrétaire de Mahalia Jackson, il se fit remarquer par des dons exceptionnels de compositeur de gospel songs repris par des groupes de prestige : « Since I Met Jesus » repris par les Caravans, les 5 Blind Boys of Alabama, … « I’m too Close to Heaven », repris par les Roberta Martin Singers, etc.
En 1950 il se joignit aux Willie Webb Singers et enregistra avec eux, pour Gotham Records, des faces non composées par lui, comme « Every Day and Every Hour », « Alone » et « Eyes Have Not Seen » qui boostèrent encore son prestige d’interprète, toutes 3 sont reprises ici. Puis il organisa les Bradford Specials, décrochant un contrat avec Apollo Records et enregistrant 12 titres, dont 5 composés par lui, en 2 séances (1951 et 1952). Ces 12 titres sont présents sur cet album, dont les excellents « Test at the Judgement » et « Jesus Keep Me Near the Cross », en sus d’un pur chef d’œuvre du gospel à écouter en boucle : « He’s a Wonder », avec sa marque de fabrique, des passages en falsetto appris au contact de Marion Williams. En 1954, il passa chez Specialty Records en Californie et grava une quarantaine de faces dont 6 figurent ici avec un inédit, le bien enlevé « Somebody Touched Me » (1), les dynamiques « Feel Like Running for the Lord » et « I Feel The Spirit » (1). Partout, la voix de baryton de Bradford, chaude et un peu râpeuse, fit merveille, comme son jeu de piano, musclé et explosif ainsi que ses exploits de danseur sur scène. En 1958, Bradford signa avec Gospel Records (affilié à Savoy Records), produisant l’émouvant « God Never Sent a Soldier to Battle Alone » (1959) dédié à sa mère. On notera encore un vibrant « What Do You Know About Jesus » (1959) et le survolté « He Supplies My Every Need » (1961). En 1962, il s’associa à Vee Jay Records puis à Checker, Nashboro et Cotillion (Atlantic), gravant 11 Lps entre 1962 et 1974 et se produisant en concerts, en festivals et en tournées internationales, mais aussi dans des shows musicaux avec une popularité et un talent sans failles, jusqu’à sa mort en 1978. On a ici un album incontournable avec des notes de pochette bien détaillées dues à Per Notini, le boss de Gospel Friend (livret 12 pages, illustré).
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(1) Première apparition en CD pour ces 2 faces.