Punk Kong: Same But Different

Punk Kong: Same But Different

W.E.R.F Records / N.E.W.S.

Après six années de silence, voici venir le troisième LP des Bruxellois de Punk Kong, de nouveau illustré par un gorille. Toujours rien de punk dans le sens rock du terme, mais toujours bien punk dans le sens de la liberté d’expression, de l’audace. La composition de cette formation est toujours aussi atypique, puisqu’elle comprend le guitariste compositeur, producteur et vraisemblablement leader du groupe, Giotis Damianidis, le batteur Joao Lobo et trois saxophonistes : Grégoire Tirtiaux (alto et bariton), Viktor Perdieus (ténor et bariton) et Ruben Verbruggen (alto et bariton). Des musiciens entendus dans divers autres groupes, notamment Maak et Nest. Si leurs albums précédents ont été qualifiés, entre autres, de jazz contemporain, de krautrock même de psyché, on pourrait dire que celui-ci fait plus dans la répétition, dans la progression, dans une forme d’élan spatial et un brin expérimental. Régulièrement, c’est la guitare qui introduit le morceau. Souvent d’une manière délicate, ciselée, un brin essayiste avec quelques accords secoués d’effets. Puis le batteur et les saxophonistes occupent l’espace avec plus de puissance, mais on maintient toujours cette répétition au sein de cette évolution qui en deviendra même parfois obsédante.

Le groupe part aussi dans un jazz quelque peu ambient et la délicatesse du jeu de guitare parfois très mélodique, associé à des aspects aériens, nous introduit dans une sorte de « space jazz » incluant des trips hallucinés bien efficaces. Une autre identité du groupe se définira avec l’apparition de moments beaucoup plus énergiques, avec l’installation de sons crus allant même parfois jusqu’au free-jazz. Tout en maintenant ce côté répétitif, le groupe ira jusqu’à l’incantatoire, comme sur « Planet Gamma », une sorte de marche lourde, oscillante, avec des cuivres puissants, voire conquérants. Sur des plages plus sereines, la finesse du jeu de guitare se fera seconder par des échos sur « Enaerios » et puis du free-jazz comme sur « Cryptic Man ». Sans oublier un Fender Rhodes qui fera son apparition sur « Epsilon ». Une dernière observation : je trouve le titre de l’album particulièrement bien approprié aux huit compositions jouées ici. Un groupe à la démarche originale, audacieuse, qui se révèle captivant, passionnant et donne l’envie d’être vu et entendu en concert.

Claudy Jalet