Quattrophage : MNOP
Il y a quelques années, j’eus l’occasion d’organiser un concert de Matthieu Safatly dans l’église du petit village de Fontin. Seul avec son violoncelle et quelques écrans de télévision totémiques, il parvint cet après-midi-là à capter l’attention d’une audience hétéroclite, pas ou peu au fait de sa musique. J’ignorais alors qu’il avait sorti, avec son groupe Quattrophage, un album sur le mythique label Sordide Sentimental (Joy Division, Psychic TV, Tuxedomoon, …) au mitan des années 90 (« Koïnobios »). A en juger par ses apparitions erratiques et une discographie peu fournie, Quattrophage ne semble guère enclin à jouer la carte de la constance.
Ce nouvel album, au titre sibyllin qui s’abstient de livrer une signification au sens de ses lettres (il y en a-t-il seulement une ?), ajoute un peu au mystère. De façon prévisible, Quattrophage est un… quatuor, composé de deux violoncellistes, d’un percussionniste et d’un guitariste (électrique). Le disque se décline également en quatre parties, chacune avoisinant la dizaine de minutes. Dès les premières minutes, on est porté, transporté même, par la dimension cinématographique de la musique. Elle évolue avec des variations subtiles, parfois à la lisière du perceptible. Ce n’est que sur la deuxième partie que le rythme se fait insistant et appuyant. Si le groupe mentionne dans sa bio l’idée de « cinéma pour l’oreille », j’y verrais pour ma part la bande sonore manquante d’un film de Tarkovski. Une fois de plus – une constante pour le Petit label – la pochette est magnifiquement dessinée par Hélène Balcer et présentée sur un carton de qualité.