Redshift Trio : Cloud Forest

Redshift Trio : Cloud Forest

Nusica.org

Je vous parlais la semaine dernière du groupe XYQuartet qui enregistre pour le label italien Nusica.org, dont c’était la 35ème production en une quinzaine d’années. Voici la 36ème pour ce petit label indépendant : le 4ème album (le 2ème pour Nusica.org) de Redshift Trio. Voici un trio qui était à l’origine un duo : le trompettiste américain Josh Deutsch et le guitariste (baryton) italien Nico Soffiato se sont rencontrés en 2006 pendant leurs études au Berklee School of Music et n’ont jamais arrêté de jouer ensemble (Soffiato s’installant à New York après ses études). Ce n’est qu’à partir de leur avant-dernier album qu’ils ont décidé d’inviter des batteurs. Pour leur disque précédent, deux batteurs importants de la scène new-yorkaise se relayaient : Allison Miller et Dan Weiss. Pour cet album, ils sont trois et, encore une fois, ce sont des pointures : Dave King (Bad Plus, Julian Lage), Rudy Royston (Bill Frisell) et Bram Kincheloe (sideman chez Lee Konitz, Branford Marsalis ou Ambrose Akinmusire). Pas de trace de bassiste dans ce groupe, mais ce rôle est pleinement rempli par Soffiato et sa guitare baryton.

Redshift Trio propose des compositions du duo Deutsch-Soffiato (écrites individuellement ou ensemble) et deux reprises : « Between The Bars » du chanteur Elliott Smith et « Strange Meeting » de Bill Frisell. Sous un registre fait d’une apparente douceur, Redshift Trio joue avec les morceaux, touchant des styles différents, ne manquant pas d’humour (« Make It There »), ajoutant des sonorités différentes (le Wurlitzer ou le Fender Rhodes joués par Josh Deutsch), tout en privilégiant toujours l’harmonie, une musique raffinée et intelligente. Les interventions de Deutsch et de Soffiato (en solo ou lors de leurs dialogues) ont un timbre qui très fréquemment recherche le mélodieux et la présence de trois batteurs différents, apportant chacun leur sensibilité, ne prive en rien l’unité de cette musique, spontanée et élégante.

Sergio Liberati