Reinhardt Winkler : Drop Me Off
Challenge / New Arts International
Compositeur et enseignant, l’Autrichien Reinhardt Winkler est aussi un batteur réputé qui a travaillé avec différents artistes dont le saxophoniste alto et flûtiste Wolfgang Puschnig, membre fondateur du Vienna Art Orchestra dont il fut l’un des principaux solistes pendant douze ans et que l’on retrouve sur cet album. L’autre souffleur en vedette est Harry Allen, saxophoniste ténor emblématique, au même titre que Scott Hamilton, du jazz mainstream. On l’aura compris : « Drop Me Off » célèbre un jazz classique caractérisé par des solos mélodiques, du swing … et des standards qui constituent la majorité du répertoire : « Little Rio » de claus Ogerman, « This Can’t Be Love » de Rodgers & Hart, « Doctor Jazz » de King Oliver plus d’autres reprises d’Abdullah Ibrahim et de Randy Newman auxquelles on ajoutera le traditionnel « Billy Boy » jadis joué par Red Garland sur un disque de Miles Davis.
L’expérience de tout ce petit monde éclate au grand jour. La musique est plaisante, jouée élégamment et non sans une certaine nonchalance. En particulier, la richesse timbrale et l’imagination mélodique d’Allen, qui évoque parfois Stan Getz par son discours inventif, font merveille. Le son compte pour beaucoup dans ce genre de jazz et il est ici feutré, comme réverbéré par les velours et les boiseries d’un club huppé du centre-ville. Plusieurs titres, incluant « This Can´t Be Love », « When It´s Sleep Time Down South » et les deux compositions d’Ibrahim, sont joués en trio, le pianiste américain John Di Martino explorant alors les mélodies avec une grande douceur, gentiment épaulé par une rythmique tout en retenue. Sur « Bye Bye Blues », c’est Wolfgang Puschnig qui retient l’attention avec une belle partie de flûte pleine de sensibilité. Enfin, les deux derniers morceaux bénéficient de la présence de la chanteuse autrichienne Simone Kopmajer, dotée d’une belle voix claire et expressive dans la tradition du jazz mainstream, qui accentue encore, pour autant que ce soit possible, l’atmosphère « after hours » de cette petite musique de nuit.