Reinier Baas & Ben Van Gelder : This is Water
Voici un duo de jeunes musiciens néerlandais qui ont transité dans des projets chez nous aux côtés de Félix Zurstrassen pour Ben Van Gelder (les deux albums « NOVA » de Félix Zurstrassen) et d’Antoine Pierre pour Reinier Baas (« Urbex Electric »). Leur projet commun est inspiré par un discours prononcé par le romancier américain David Foster Wallace intitulé « This is Water », introduisant l’idée qu’une prise de conscience d’un fait aussi banal soit-il, peut devenir source d’inspiration et de libération. C’est dans la formule du duo – augmenté par la participation d’invités sur quatre titres – que le duo exprime selon les plages son mélange de poésie et de dynamique, parfois torturé, souvent énigmatique. Ainsi « Miniatures » avec le pianiste Cory Smythe, est annoncé comme une composition du saxophoniste, mais résonne comme une pièce improvisée sur l’instant. « Fan Fiction » avec le batteur Jeff Ballard posé sur un riff de guitare voit une intervention fougueuse de Van Gelder collée à une rythmique dynamique qui se termine de façon abrupte. « Love and Strife » avec le vétéran – 82 balais! – batave Han Bennink, entre intro free et mélodie savoureuse, mélange encore un peu plus les pistes de cet album original et décalé, ce qu’exprime sans doute aussi une couverture énigmatique.
Voici un point de départ original pour « This Is Water », le dernier CD de Reinier Baas et Ben van Gelder. Ils se sont en effet inspirés d’un discours de l’auteur américain David Foster Wallace, dans lequel il illustrait la relativité et l’objectivité de l’interprétation. Bien entendu, ces deux messieurs n’en sont pas à leur première initiative surprenante. On pense notamment à « Princess Discombobulatrix – A mostly Instrumental Opera » de Reinier Baas. « This Is Water » est leur troisième projet commun. Pour cet enregistrement, ils ont réuni autour d’eux des musiciens plus qu’intéressants. Le batteur Jeff Ballard, les pianistes Cory Smith et Marta Warelis, ainsi que le batteur et percussionniste Han Bennink. L’album commence par une narration tranquille à la guitare et au saxophone alto (« This Is Water »). Ils introduisent ensuite les premiers moments d’action prudemment (« Skull-Sized Kingdoms »). Progressivement, les invités prennent leur tour, à chaque fois sur un mode d’improvisation spécifiquement déterminé, dont les lignes de base ont été spécialement tracées pour chacun. Cela donne lieu à des passages mélodiques ainsi qu’à des interludes plus introvertis et expérimentaux, voire à des morceaux aux allures de contes de fées. La photo de couverture de Ben van Gelder, prise sur la plage, est aussi dérangeante que l’ensemble de l’album.
Traduction libre : Luc Utluk