Roberto Negro : Papier ciseau
Nouvel album pour ce pianiste italien installé à Paris, toujours pour le légendaire Label Bleu. Et toujours ce groupe de rêve pour l’accompagner : ces splendides musiciens que sont Emile Parisien (saxophone alto et soprano) et Michele Rabbia (batterie et percussions), deux figures incontournables du jazz européen actuel, toujours présents. C’est avec eux, et sous le nom de DADADA que Roberto Negro avait sorti un album en 2017 : « Saison 3 », disque qui remporta une victoire du jazz en 2018. C’est également sous ce nom de DADADA que le trio donna un concert à Rome fin juillet (JazzMania était présent…). On retrouve un musicien complémentaire sur ce disque, le bassiste Valentin Ceccaldi, une « vieille » connaissance de Negro, vu leurs nombreuses collaborations passées (rappelons les albums « La Scala » ou « Garibaldi plop » où Ceccaldi jouait du violoncelle). Il est difficile de décrire la musique de Roberto Negro, tant elle est originale et pas toujours aisée à appréhender. Une composition peut démarrer au piano solo avec une belle mélodie pour se transformer soudainement en une espèce de chaos (complètement maîtrisé) aux frontières du free. Ces changements de rythmes et de couleurs musicales sont fréquents sur ce disque. On peut être déconcerté au départ, mais le charme opère très vite et c’est avec plaisir que l’on se plonge dans ce monde parfois onirique, parfois enfantin, parfois mystérieux (certains morceaux, comme « Toot » ou « Apotheke », auraient pu servir de bandes-son pour les films de Dario Argento). C’est parfois lent et grave, à d’autres moments rapide et presque enjoué, toujours sophistiqué et d’un lyrisme absolu. Il s’agit d’un disque de Roberto Negro et c’est bien son monde que l’on retrouve. Insistons cependant une nouvelle fois sur la qualité des musiciens qui l’entourent et leur inventivité qui permet cette richesse et cette diversité. Disque à écouter et à réécouter : vous découvrirez toujours quelque chose de neuf et serez toujours agréablement surpris à la ixième écoute. Un des musts de cette année.
Sergio Liberati