Rodolphe Lauretta : KreOlia
Cristal / L’autre distribution
De Rodolphe Lauretta, on connaissait l’ouverture d’esprit, une riche caractéristique affichée à l’occasion d’un premier album « Raw » paru il y a quatre ans. D’une formule dépourvue d’instruments harmoniques, le saxophoniste martiniquais passe aujourd’hui à un quartet (Timothée Bakoglu aux divers claviers) bien souvent renforcé par des invités, voix et vents. Ces invités, parlons-en car ils symbolisent la volonté d’éclectisme et d’ouverture du leader et colorient en quelque sorte ce « KreOlia » jamais à court de groove… On le sait, Rodolphe Lauretta ne cache pas certaines affinités pour le hip-hop. Après le rappeur Theoretonic sur « Raw », c’est au tour du Californien M.E.D. (aka Medaphoar) de poser son flow sur le titre le plus court de l’album, « Brazilian Truth ». Au-delà, le saxophoniste, qui signe toutes les compositions à l’exception de « Haïti » (que l’on doit au pianiste guadeloupéen Alain Jean-Marie) ouvre la porte à une pop raffinée et légère : « Anticipation » avec la chanteuse du groupe californien Knower ou encore Genevieve Artadi pour «Sauvée » dont le texte est signé et chanté par Ruppert Pupkin. On retrouve également la voix reconnaissable entre toutes de Dwight Trible (« We All Are One ») qui apporte une touche soul à un ensemble qui ne manquait déjà pas d’âme… Le reste de l’album est instrumental et chaloupe entre le funk et les sons électriques, à l’image du puissant « The Roy » qui rend hommage au regretté Roy Hargrove. Une fois encore, Rodolphe Lauretta fait souffler un vent novateur et aventureux sur le jazz français… Et ça, on aime plutôt bien !