Roots&Roses Festival de Lessines, édition 2025 ‐ une grande cuvée !

Roots&Roses Festival de Lessines, édition 2025 ‐ une grande cuvée !

Harlem Lake © Philippe Thirionet

C’est donc une première pour votre serviteur d’assister à une édition de l’imposant Roots&Roses Festival, je remercie d’avance Sophie et Bruno pour leur invitation et ce, par l’intermédiaire au départ du site JazzMania, je relaye bien entendu mon ressenti et mes photos via notre bien-aimé site Music In Belgium et sa page Facebook. Passé ces considérations, je souhaitais tout d’abord féliciter l’organisation et tous les bénévoles, pour avoir offert au public, un site aussi accueillant et aussi complet. En effet, outre les deux magnifiques chapiteaux qui abritent deux grandes scènes (scène Roots et scène Roses), l’on dénombre un grand panel de restaurations du Monde, un endroit dédié aux enfants, plusieurs lieux pour se désaltérer bien sûr, un coiffeur-barbier (et ses précieux trésors dédiés à la moto), un caricaturiste, un tri sélectif des déchets (la philosophie du durable), et de nombreux endroits sympas pour s’asseoir et profiter… un site complet, comme je disais plus haut.

Côté affiche musicale, comme je l’avais déjà annoncé lors d’un précédent article, elle fut de qualité, avec d’une part des valeurs montantes et d’autre part, des pointures déjà bien installées. Côté styles, le concept du Roots&Roses est de parcourir toutes les facettes du blues, allant du blues traditionnel au bluegrass, sans oublier les grandes écoles qu’elles soient américaines ou anglaises. Un panel très diversifié parmi lequel l’on retrouve aussi l’esprit du rock’n’roll, du folk, du rock psychédélique ou même du rockabilly, sans oublier l’empreinte permanente du blues, ce courant incontournable de la musique ayant pris ses racines dès le 19ème siècle (blue devils… idées noires, jouées et chantées au départ de la culture afro-américaine, les chants de travail et le negro spiritual…), et ayant permis l’éclosion d’un bon nombre de styles musicaux contemporains, un courant toujours bien vivant ayant voyagé du Mississipi à La Louisiane, de Chicago jusqu’en Angleterre. L’affiche complète reprenait les groupes et artistes suivants : The Flynts, Harlem Lake, The Bloyet Brothers, Rob Heron & the Tea Pad Orchestra, The Whodads, The Georgia Thunderbolts, The Zac Schulze Gang, Justina Lee Brown, James Hunter, Eli Paperboy Reed et enfin Fred and the Healers.

The Flynts (scène Roses)

Dans cet article, je vous parlerai d’une partie des prestations (morceaux choisis comme on dit), avec tout d’abord nos amis liégeois de The Flynts qui ouvraient le bal, si je puis dire, et ce de bien belle manière avec un rock/blues psychédélique sentant bon le vintage et plus particulièrement les seventies. Tout y était, y compris les tenues et attitudes propres à la grande époque du psychédélisme sans oublier le micro du chanteur (et ses lunettes), avec bien entendu une base musicale faite d’un rock pêchu et bourré de groove. Voilà une jeune formation qui monte, ayant déjà été repérée par Classic 21, excusez du peu, et qui, en ce beau 1ier mai, aura offert un set d’ouverture plein d’énergie et de fougue… bravo à vous quatre !

Harlem Lake (scène Roots)

Sur la scène Roots cette fois, c’est au tour du groupe néerlandais Harlem Lake, une formation qui a gagné l’European Blues Challenge en 2022, débutant sa carrière en 2017 et construisant une musique aux frontières du rock, de l’Americana, du blues et de la soul. Un rendu musical effectivement plus sage que la prestation précédente, mais qui respire le professionnalisme à travers une musique équilibrée mais variée, allant effectivement chercher des influences dans divers registres, comme le blues, la soul et le rock vintage… grâce au magnifique son de l’orgue Hammond ! Notons la très belle prestation de la chanteuse, offrant un chant clair et gorgé de chaleur soul, celle du guitariste nous gratifiant de quelques jolis soli, et enfin celle de l’organiste, ce dernier régalant votre serviteur amoureux du son de ces vieux orgues électromécaniques. Le groupe Harlem Lake aura offert une prestation propre, bien en place, assurée par des musiciens et une chanteuse parfaitement rôdés à la scène… une prestation pleine de finesse mais aussi de groove habilement distillé !

The Bloyet Brothers (scène Roses)

Retour sur la scène Roses avec les Bretons (je précise) de The Bloyet Brothers et qui, pour leur premier concert en Belgique, ont tout donné, à travers un set bourré d’énergie et de groove, empreint de l’ombre du bon rock et d’un blues… gras, ceux avec un grand R et un grand B, sans oublier de nombreuses effluves vintages ! Une batterie tonitruante voire cassante, des riffs de guitare à couper le souffle, un chant enragé et enfin des passages à l’orgue gorgé de psychédélisme, sont bel et bien les ingrédients de la recette de nos amis bretons, qui ont, je pense, marqué les esprits grâce à une prestation sentant bon le vrai rock… celui qui fait bouger ! Mention toute particulière pour le claviériste/organiste, qui m’a régalé à travers ces divers passages solistes !

The Bloyet Brothers © Philippe Thirionet
The Bloyet Brothers © Philippe Thirionet

Halo Rider (scène Roots)

Autre belle prestation, celle du trio Halo Rider, originaire de Chicago, né de la rencontre entre le musicien/chanteur/compositeur Markus Jame, et la chanteuse/violoniste Anne Harris, cette dernière étant manifestement une artiste atypique connue dans le milieu du blues. C’est en quelque sorte un retour aux sources ou plutôt aux racines du blues, auquel nous allons avoir droit avec ce trio avec un set enraciné dans le blues traditionnel et ses tempos cadencés bien connus. Par l’utilisation du banjo et du violon renforçant l’empreinte des traditions ancestrales, cette prestation va cependant offrir beaucoup d’entrain et de punch au public. En effet, le jeu enjoué et le jeu de jambes d’Anne, le travail chaloupé de Markus à la guitare, et une section rythmique pointue due à un jeu millimétré à la batterie (Willy Jordan) ont construit un set attrayant et surtout entraînant qui aura ravi une assemblée, d’ailleurs conquise par le trio et son blues coloré et chaleureux !

The Georgia Thunderbolts (scène Roses)

Nouveau retour sur la scène Roses avec toujours des artistes américains, en l’occurrence le groupe The Georgia Thunderbolts, cette fois originaire de Rome en Géorgie (près des montagnes des Appalaches), qui ont délivré cet après-midi un set chaud et rond, lui aussi chargé en groove… et pas qu’un peu ! Et ce, grâce à un blues-rock bien gras et bien cadencé, empreint de rock’n’roll et de southern rock qui rappelle par exemple des icônes comme les célèbres Cannet Heat, offrant à chaque instant un tempo soutenu et entraînant pour lequel les deux guitaristes (excellent travail d’équipe entre la lead guitare et la guitare rythmique, les deux musiciens se renvoyant à tour de rôle la balle) ont envoyé du lourd, mention toute particulière pour le guitariste solo. Ajoutons à cela un travail accrocheur à la basse, un frappé soutenu à la batterie et un chant assuré et porteur, qui ont parachevé la conception d’un blues rock de derrière les fagots ! Rock’n’roll…

The Georgia Thunderbolts © Philippe Thirionet
The Georgia Thunderbolts © Philippe Thirionet

The Zac Schulze Gang (scène Roots)

Dernière prestation à vous faire découvrir, et non des moindres, puisque c’est celle du The Zac Schulze Gang, véritable phénomène débarquant du sud-est de l’Angleterre. Ce trio aura déjà fait pas mal parler de lui avec une participation au Eric Clapton’s Croosroads Festival à Los Angeles en 2023 et le premier prix au UK Blues Emerging Band en 2024, rien que ça ! Proposant un mix entre le groove et donc le blues rock du grand Rory Gallagher et le punk rock des Clash, ce tonitruant trio nous embarque dans un set endiablé où l’extravagant Zac Schulze parvient à nous éblouir par son extraordinaire technique à la guitare, rivalisant quelque part avec des grandes pointures comme Jeff Beck, Stevie Ray Vaughan, Jimmy Page ou le regretté Rory ! Et en plus, il sait chanter ce bougre de jeune prodige seulement âgé de 25 ans ! Pour l’accompagner, son frère Ben Schulze (batterie) et Ant Greenwell (basse, chant) n’ont pas démérité, que du contraire, ils ont assuré le spectacle d’un trio qui devrait aller très loin… soyons logiques. The Zac Schulze Gang a littéralement atomisé la scène Roots de ce festival ! Profil bas…

Voilà qui termine, ma modeste revue de cette excellente édition 2025 du Roots&Roses Festival de Lessines, qui m’a laissé en bouche, comme un goût de blues, mais justement avec diverses nuances et couleurs, la preuve que le concept du festival, celui de voyager à travers les différents styles traditionnels et contemporains du blues, aura porté ses fruits à travers les oreilles et les yeux de votre serviteur. Je félicite l’ensemble du personnel et des bénévoles qui ont tous participé activement à la réussite de ce beau festival, je félicite aussi toutes les équipes techniques pour leur excellent travail au son (mixage et balance)… Bravo à vous.

Philippe Thirionet