Ryan Pate : Superbloom
Ryan est un guitariste de jazz de 43 ans qui fut actif au sein de la scène new-yorkaise où il a publié un premier album solo en 2013 (« Human/Alien »). L’année suivante, il s’est installé en Californie, a repris son travail de sideman ou de leader tout en restant principalement impliqué au sein de la scène d’improvisation de San Francisco. Scène qu’il a évoquée au sein d’un livre intitulé « The Bay Area Jazz Composers Book » dans lequel il documente le travail de 75 artistes. Mais là n’est pas notre propos. De retour à New York en 2022, suivant ainsi sa compagne qui y venait travailler un an, il y a « composé » cet album qu’il décrit comme un album imaginatif, un album moderne de guitare solo. Une réalisation sur laquelle il aurait pu utiliser de nombreux effets spéciaux, mais où il s’est contenté du simple support de son instrument et des loops d’une pédale. Avec comme résultat, le défilement de quinze titres organiques, délicieusement harmoniques, complètement improvisés. Une suite de notes fluides s’immisçant dans un univers jazzy sans l’être complètement. Ces accords et ces sons improvisés sont délicats, rêveurs, planants, étranges sans être dissonants. Sur « Scrolls » on décèle les prémices d’une « chanson » sur laquelle pourrait se poser la voix d’un Léonard Cohen ! Sur d’autres comme ce « 17 » il fait malgré tout étalage d’une belle démonstration de son talent, de sa virtuosité. Mais on en revient vite à cette musique curieuse, intrigante, dénudée, dont les sonorités sont avant tout claires, cristallines. Et elles nous plongent dans un univers quelque peu cinématographique où la rêverie s’impose. Seul bémol, de mon humble avis, l’écoute des 61 minutes d’une seule traite est relativement fastidieuse. Cela n’enlève en rien l’originalité et le talent à ce guitariste défricheur, novateur.