Sam Braysher Trio : Dance Little Lady, Dance Little Man

Sam Braysher Trio : Dance Little Lady, Dance Little Man

Unit Records

De ce trio sax-basse-batterie, seul nous vient à l’esprit le nom du batteur, Jorge Rossy, partenaire de Brad Mehldau durant des années et auteur d’albums personnels très réussis. Le sax-alto Sam Braysher, leader du groupe, vient de Londres et développe une carrière diversifiée à la fois au sein du nonet de John Warren (album ECM) et du London Jazz Orchestra. Quant au contrebassiste, Tom Farmer, ses interventions auprès de Ant Law, Ivo Neame ou Anoushka Shankar ont fait de lui un artiste demandé sur la scène anglaise. Et si le présent album est attribué au saxophoniste, une seule composition est de sa plume, « Pinxtos » basé sur les harmonies de « From this Moment On » de Cole Porter. Le reste du programme (dix titres) est essentiellement consacré à des standards moins courus : « I tried to choose an interesting selection of tunes for this set, including some that are rarely played by jazz musicians, although I hope a few of them might at least sound familiar » dit Sam Braysher fort justement, ainsi ce très beau “Heart and Soul” de Carmichael/Loesser marqué d’un beau solo de Tom Farmer.

L’album s’ouvre sur un thème typique de Dexter Gordon, « For Regulars Only » de l’album « Doin’ Alright » de 1961. Le phrasé de Braysher y est assez proche de celui du ténor. On retrouve d’ailleurs plutôt l’influence de sax ténors dans cet album, ainsi par le côté dansant de plusieurs thèmes dont l’inspiration fait penser à Sonny Rollins (tout comme le format trio du groupe). Braysher ne se contente pas d’une lecture fidèle des standards. Ainsi, sur « One Note Samba » de Jobim, il emballe le tempo sur une version courte, plutôt décalée. « Some Other Spring », chanté par Billie Holiday, est l’occasion d’une improvisation croisée entre le saxophoniste et Jorge Rossy au vibraphone puis qu’on retrouve au marimba sur « This Nearly Was Mine ». « The Sweetest Sounds » met en évidence la contrebasse de Tom Farmer sur un superbe solo. « Reflection » du film « Mulan » est à mes oreilles le seul thème qui dénote un peu de l’esprit de l’album, bien loin des convaincantes compositions de Gershwin, du film du même nom, « Shall We Dance » et « Walking The Dog », version courte qu’utilise souvent le leader pour présenter ses musiciens en fin de concert. Si cet album est avant tout un bel échantillon de standards peu joués, il met aussi en avant un des saxophonistes à suivre de la scène anglaise qu’on qualifiera d’attachée à la tradition.

Jean-Pierre Goffin