Sara Serpa : Encounters & Collisions
Cet album s’aborde comme un journal, un journal personnel et intimiste qui est celui que Sara Serpa a consigné à des moments particuliers de sa vie. Elle y relate son arrivée aux Etats-Unis, à Boston plus précisément, où elle débarque pour y étudier la musique au Berklee College of Music. Elle y décrit la moiteur de l’été, l’amertume de l’automne, la rudesse de l’hiver et la venue attendue du printemps. Mais elle revient aussi sur des événements qui ont marqué sa vie : les tracasseries liées à la procédure d’immigration, le décès inopiné de son père parti trop tôt, la naissance de son fils, la difficulté de s’acclimater à la culture états-unienne… Ces petites stories vocales entrecoupent et annoncent une dizaine de compositions écrites par ses soins sur lesquelles elle chante. Et, pour une fois, elle chante ses propres textes, en en assumant pleinement la dimension autobiographique. Pour ce projet, elle est entourée par deux complices qu’elle connaît bien : la saxophoniste Ingrid Laubrock et le violoncelliste Erik Friedlander, mais également par la pianiste Angelica Sanchez. Il y a à la fois beaucoup de délicatesse et de fragilité qui ressortent de ces vignettes impressionnistes que ne dérange jamais une rythmique assignée. Tout se noue autour de la subtilité des jeux respectifs. Bien souvent, les cordes du violoncelle de Friedlander répondent aux notes de Sanchez, ou inversement. Des dialogues que Laubrock arbitre parfois sauf quand elle décide de s’avancer seule dans le décours d’amples phrasés.
Lisboète immigrée aux Etats-Unis depuis près de vingt ans, vocaliste chevronnée, Serpa continue à avoir un pied dans son pays natal, puisqu’elle vient de figurer à l’affiche du Guimarães Jazz festival en octobre dernier. « Encounters & Collisions » sort sur le label Biophilia, petite structure indépendante établie à Harlem, New York qui se fait un point d’honneur à ne pas réaliser ses productions sur support plastique : ni CD, ni vinyle ! A la place, un dépliant en carton qui renferme des origamis et un code d’accès digital à la musique. La version originale comporte également des dessins réalisés par Sara.