Sarah Buechi Septet Contradiction of Happiness & Jena Philharmonic : The Paintress

Sarah Buechi Septet Contradiction of Happiness & Jena Philharmonic : The Paintress

Intakt Records

Ce disque présente neuf pièces interprétées par Contradiction Of Happiness, un septet de jazz incluant piano, basse et cordes, associé avec l’orchestre de chambre Jena Philharmonic conduit par Simon Gaudenz. Soit plus de vingt musiciens mettant en valeur la voix et les compositions de Sarah Buechi.

Défiant toute catégorisation, la musique multiforme de la chanteuse suisse déborde largement le cadre du jazz pour emprunter à différents genres entre classique et expérimental. Le jazz émerge parfois comme dans la partie « scat » de « C-Void 91 » mais, la plupart du temps, cette musique échappe à toute classification. Dans certaines pièces, comme « Lullaby (for Conan) », la puissance symphonique impressionne à l’instar de certaines musiques de films d’aventures. Ailleurs, comme sur « Precious Stone », les cordes se font enveloppantes et mystérieuses pour ce qui, finalement, se révèle être une chanson de construction plus classique. La complémentarité entre la section rythmique et l’orchestre fonctionne bien tandis que le piano délivre une improvisation en apesanteur qui fait toute la saveur de cette jolie composition.

En plus de ses différents stages et formations, Sarah Buechi a étudié pendant 18 mois au « Karnataka College of Percussion » avec le vocaliste R. A. Ramamani qui collabora longtemps avec le saxophoniste Charlie Mariano. Depuis cette époque, Sarah inclut dans son chant des micro-tonalités et des éléments de la musique traditionnelle de l’Inde du Sud. On s’en rend compte à plusieurs endroits (« Lullaby ») et plus particulièrement sur « T.A.S. Mani », chanson dans laquelle Sarah Buechi maîtrise les techniques indiennes de percussion orale (Konnakol) à l’instar, par exemple, d’un Trilok Gurtu ou d’un Ranjit Barot. La maîtrise de la voix, de son timbre comme de son phrasé, est confondante, rappelant à certains moments le travail original de Sophie Tassignon et, à d’autres, celui de Susanne Abbuehl.

Résultat du vol conjoint de deux ensembles qui se sont entendus à merveille, « The Paintress » est un projet ambitieux et original, mais aussi riche et captivant, qui devrait intéresser les mélomanes aux oreilles ouvertes.

Pierre Dulieu