
Shez Raja : Spellbound
Disque après disque (celui-ci est son 8ème en tant que leader), la réputation de Shez Raja va croissant surtout dans le monde de la fusion et de la basse électrique (le magazine de référence « Bass Player » le considère comme un des bassistes les plus innovants du moment). Shez Raja est né d’un père indien et d’une mère britannique et vit principalement à Londres. Ces informations ne sont pas anodines : la musique indienne (orientale en général) fait partie intégrante des influences majeures du musicien. Dans quasi tous les morceaux, il y a la trace soit d’un sitar, d’un bansurî (flûte indienne), de tablas ou encore d’un sarangi (vièle à archet indienne). Cette inspiration indienne, Raja l’a mixée à des ambiances bien plus occidentales : le funk, le rock, le jazz (la fusion quoi ; mais là, c’est la fusion de très nombreux styles avec de la musique orientale en plus) et les instruments qui leur sont liés (guitare, batterie, saxophone). Et il aime être entouré de pointures : après Randy Brecker, Mike Stern, Wayne Krantz ou Trilok Gurtu que l’on pouvait retrouver sur ses albums précédents, place maintenant au guitariste John Etheridge (Soft Machine) et au batteur Dennis Chambers (il a joué avec presque tout le monde ; citons Steely Dan, les Brecker Brothers, John Scofield, John McLaughlin et, actuellement, Mike Stern). Cette variété d’instruments (et sur un morceau, « Together We Fly », la voix délicate de la chanteuse Fiza Haider) permet d’avoir des compositions (toutes signées Raja) aux instrumentations à chaque fois différentes. Bien sûr, il s’agit de fusion avec ses rythmes rapides et alambiqués, ses prouesses techniques et ses interactions virtuoses (beau dialogue entre Raja et Chambers dans la plage titulaire ou de John Etheridge dans « Vishnu »), ce qui peut rebuter certains. Cela est encore accentué dans les deux derniers morceaux, enregistrés en public. Dans ces titres, le guitariste-vedette Guthrie Govan (Steve Vai, The Aristocrats) y démontre toutes ses énormes qualités. Un disque à recommander chaudement aux amateurs de fusion (pas seulement de jazz et de rock, mais aussi de l’Orient et de l’Occident).