Silke Eberhard Trio : Being-a-Nin
Il y a près de quatre ans, nous avions été séduits par « Being the Up And Down », un disque mi-live, mi-studio où planaient, vaporeusement, les fantômes d’Eric Dolphy et d’Ornette Coleman. Nous soulignions alors la belle complicité à l’œuvre au sein du Silke Eberhard Trio qui en favorisait l’impulsion et la maturité. Ce nouvel album, le cinquième à son actif, voit la saxophoniste altiste parapher une dizaine de compositions inédites. A ses côtés, demeurent présents et fidèles le bassiste Jan Roder et le batteur Kay Lübke. Une formule qui perdure depuis deux décennies. C’est dans l’immense héritage légué par Monk qu’il nous faut chercher les axes d’inspiration de ce « Being-a-Ning », titre en clin d’œil à son célèbre « Rhythm-a-Ning ». Silke cite également Eric Dolphy dont elle se revendique pleinement et dont elle loue « le jeu éruptif et imprévisible ». Elle signe « Lake », en hommage à un autre grand du saxophone alto : Oliver Lake (83 ans aujourd’hui, toujours bon pied bonne oreille !). Dès la plage d’ouverture, « What’s in Your Bag », le ton est donné, à la fois post-bebop groove et irrésistiblement syncro. Une cadence soutenue qui accompagne et nourrit l’album jusqu’à son terme avec l’excellent « Rubber Boots » en clôture. Au milieu, on s’arrêtera sur « New Dance » et « Stranger Bossa », autres inclinaisons aux contrastes rythmiques remarquables. Régénérant. Revigorant.
