Silt Remembrance Ensemble : The Order
Cuneiform Records / Mandaï Distribution
C’est un de ces disques qui, de prime abord, ne paient pas de mine. Des cuivres, une basse et une batterie et, hop, voilà l’affaire pliée. Stop. Prenons le temps d’y prêter l’oreille attentivement. Des mots se font entendre. Une poésie se déploie. Les saxophones se conjuguent en tonalités alto et ténor. Une trompette vient en renfort. Des percussions s’annoncent, se précisent. Le jeu de batterie ne nous est pas inconnu. Et voici que l’on découvre que c’est l’excellent Chad Taylor qui est aux baguettes. Nous ne connaissions pas ce Silt Remembrance Ensemble. Et pour cause, il s’agit de son premier disque tandis qu’à notre connaissance, il n’a jamais joué dans nos contrées. L’initiative revient au bassiste Luke Stewart qui a rassemblé les autres musiciens dans la banlieue de Washington. On y trouve d’une part le saxophoniste/trompettiste free vétéran Daniel Carter et le saxophoniste Jamal Moore, lesquels l’avaient accompagné au sein de son quintet Remembrance et, d’autre part, le saxophoniste ténor Brian Settles et le batteur Chad Taylor qui officient avec lui au sein de son trio Silt. Cette grande réunion est heureuse. Elle accouche d’un album fécond et spirituel. Les mots, au travers des textes pressants, incisifs, s’invitent sur quatre morceaux dont la plage éponyme, à la manière d’un poème pocket écrit par Janice A. Lowe connue pour son « creative writing program ». « The Order » est un disque qui nous parle de notre époque, de ses travers, mais aussi de ses espérances possibles à travers l’acte de création qui se profile toujours, quelque part, comme une démarche d’éveil, d’émancipation.
