Sinikka Langeland : Wolf Rune

Sinikka Langeland : Wolf Rune

ECM

A l’endroit de Sinikka Langeland, on imaginerait un territoire vaste, étendu, balayé par des grands vents nordiques, un lang land boréal magnifié, quelque part aux confins de la Norvège et la Finlande. Une terre visitée par des loups. Une contrée runique, nourrie de mythes anciens inconnus. A l’endroit de son instrument, le kantele, on se figurerait une sorte de harpe ou de dulcimer sans être certain de la pertinence de cette parenté. A l’écoute de ce « Wolf Rune », on tenterait d’en saisir l’essence, d’en percevoir les sens. Ce n’est seulement qu’après que l’on chercherait à en savoir davantage sur son autrice. Sur sa provenance, son éducation musicale, son parcours, sa discographie. De tout cela on ne dirait rien ici, préférant vous laisser découvrir par vous-même. On en reviendrait à l’essentiel : la musique. Des instrumentaux d’une grande pureté auxquels succéderaient des chansons dont on s’emploierait à discerner les paroles à travers la traduction figurant sur les notes intérieures. Et puis, on s’arrêterait sur ce « When I Was the Forest », un texte dont la paternité serait attribuée à Maître Eckhart, un écrit tenant à la fois du sermon et de la poésie la plus éthérée, un texte qui nous laisserait interdit. De Sinikka Langeland, on se refuserait à savoir s’il s’agit de jazz ou non. La question importerait peu. Pas plus que celle de l’appartenance à un genre ou à un style. Resterait l’écoute. Une écoute que rien ne viendrait perturber. Pas même les chants d’oiseaux s’égayant dans le printemps naissant au dehors.

Eric Therer