Soft Machine : Hovikodden 1971
Très bel objet proposé par Cuneiform Records que ce coffret (4 CD) qui nous donne à écouter l’intégralité des concerts que Soft Machine donna les 27 et 28 février 1971 en Norvège près d’Oslo (notons qu’un disque était déjà sorti en 2009, « Live at Henie Onstad Art Centre 1971 » proposant le concert du 28 février. Avec cette nouvelle publication, nous avons, outre le fait d’avoir droit également au concert du 27 février, l’occasion d’entendre un son plus net, remastérisé. A l’époque, Soft Machine était composé de Mike Rattledge (piano électrique et orgue), d’Elton Dean (saxophones), de Hugh Hopper (basse) et de Robert Wyatt (batterie et effets vocaux), soit peut-être la formule la plus aventureuse et excitante dans l’histoire du groupe lequel tournait énormément en Europe et était passé quelques semaines plus tôt en Belgique (deux dates au Théâtre 140 à Bruxelles et une au Conservatoire de Liège). L’album « Fourth » venait de sortir en ce même mois de février, suivant de peu « Third » (considéré par beaucoup comme leur chef-d’œuvre absolu) sorti en juin 1970. Le groupe avait abandonné le chant et les morceaux psychédéliques de 3-4 minutes que l’on pouvait entendre sur les deux premiers albums au profit de longs titres instrumentaux d’inspiration jazz, nouvelle orientation qui ébranla Robert Wyatt qui quitta Soft Machine six mois plus tard pour former Matching Mole.
Revenons à ces deux concerts, finalement très semblables (set lists pratiquement identiques ; seules les improvisations diffèrent, mais assez légèrement). Le répertoire est constitué presque exclusivement de titres venant des albums « Third » et « Fourth », plus deux inédits à l’époque (« All White » et « Pigling Bland ») que l’on retrouvera plus d’un an plus tard sur l’album « Fifth ». Les morceaux sont souvent introduits par de longues improvisations où les claviers et le saxophone sont le plus souvent mis en valeur. Ceux qui ont pu voir Soft Machine à l’époque se souviendront d’un groupe enchaînant les morceaux (parfois non reconnaissables jusqu’aux quelques secondes où le thème principal était joué), ne dialoguant pratiquement pas avec leur public, complice de cette attitude. L’atmosphère était sérieuse, mystérieuse, voire déprimante. Mais la musique, comme le prouve ce coffret, était riche, avant-gardiste pour l’époque (et toujours excitante aujourd’hui), ne cherchant pas la facilité et voulant toujours aller plus loin. Un document exceptionnel.