Solah : Ballades
Cheap Satanism Records / Mandaï
Les chansons sont universelles et la collection présentée sur cet album semble en être une preuve. Derrière le nom de Solah (pour Songs of Love and Heat (pas Hate), en hommage à Léonard Cohen) se « cache » le guitariste bruxellois Grégory Duby. Il fut essentiellement connu en tant que membre du groupe de noise-rock K-Branding pendant de nombreuses années. Il est aussi le musicien derrière un projet solo assez récent nommé Jesus Is My Son et il cogère le distributeur indépendant belge de musique alternative « Mandaï Distribution ». Voilà brièvement présenté le musicien responsable de Solah, un nouveau projet comme une nouvelle échappée en solitaire pour ce guitariste. Deux éléments lui ont inspiré cet album, qui sont aussi des formes d’hommages : la disparition récente d’un être proche et la reconnaissance de l’influence du guitariste improvisateur anglais Derek Bailey, dont un album se nomme « Ballads ».
Où les choses prennent vraiment une étrange direction, c’est dans le choix des onze reprises. Elles viennent toutes du siècle passé et sont issues, en grande majorité, du répertoire populaire de la chanson française. Des exemples : « Et si tu n’existais pas », « Le paradis blanc », « Un homme heureux », « Mon vieux », « L’été indien », « Si maman si », « Que je t’aime », … Sans oublier l’unique titre issu de la pop anglaise, le méga hit « Do You Really Want to Hurt Me » de Culture Club, rebaptisé « Why Do You Hurt Me ? » ! Accompagné d’une guitare soit acoustique soit électrique, Grégory nous livre des versions instrumentales de ces hymnes intemporels. Que vous reconnaitrez malgré le travail minimaliste et le dépouillement qu’ils ont subis. Les titres s’égrènent sous la lenteur, la nudité sonore, la délicatesse et ils dégagent énormément de tristesse, de mélancolie. Je trouve même « Si maman si » particulièrement douloureux à écouter. Question de sensibilité sans doute. Les responsables du label rangent cette musique auprès de celles d’artistes tels que Popol Vuh ou Erik Satie. J’y placerai aussi Durutti Column. Une démarche relativement unique, étrange, un cd passionnant, déroutant, que je vous conseillerai de découvrir peut-être en fragmentant les écoutes. Mais découvrez ces ballades !