Souad Massi : Sequana
Dixième album pour la chanteuse compositrice d’origine algérienne installée en France depuis plus d’une vingtaine d’année et qui possède depuis la double nationalité. Artiste engagée dotée d’une très belle voix, elle nous propose onze compositions qui oscillent entre la musique traditionnelle de ses origines, la bonne chanson française de variété, la bossa nova, le rock, le folk. Avec quelques moments vraiment grandioses. Parmi eux, ce magnifique « Mirage » sur lequel la voix de Piers Faccini l’accompagne. Sans oublier l’efficace participation de la flutiste franco-syrienne Naïssam Jalal sur ce titre. Il y a aussi cette reprise de « Hurt », une composition de Trent Reznor (Nine Inch Nails), qui se rapproche assez de celle faite auparavant par Johnny Cash. La voix, le chant en arabe, est ici nettement plus doux mais l’atmosphère « desert song » est maintenue. Parfois elle hausse le ton, s’emballe dans un rock plus soutenu (« Twam »), se souvenant certainement de son passé dans un groupe de heavy metal algérien (Atakor). Son groupe de six musiciens utilise des instruments coutumiers tels que la guitare acoustique ou espagnole, la basse, le violon, le banjo ou la mandoline mais ils sont secondés par de nombreux instruments traditionnels (congas, surdo, darbouka, reqq, bendir…). Une dizaine d’invités apportent leur contribution au fil de toutes les plages, mais l’essentiel de ces apports est fourni par le guitariste producteur anglais de Robert Plant, Justin Adams (aussi responsable d’albums pour Tinariwen, collaborateur d’Eno…). Vu son intérêt pour les musiques du monde, il est presque naturel de le retrouver derrière cette musique métissée en soutien du chant de Souad. Qui termine son album par un hommage à Victor Jara, le chanteur chilien assassiné sous le régime de Pinochet. Les chants sont presque tous en langue arabe algérienne mais sur le livret vous trouvez leur traduction en français et en anglais. Autre signe tangible de l’aspect universel que Souad Massi apporte à ses créations.