South West Oldtime All Stars : Celebrating The Duke – Nutcracker Suites

South West Oldtime All Stars : Celebrating The Duke – Nutcracker Suites

Galileo

Un mot d’abord sur l’original enregistré pour Columbia en 1960. Arrangée sur un rythme de jazz par Duke Ellington et Billy Strayhorn, la suite « Casse-Noisette » de Tchaïkovski conservait ses huit mouvements avec un « Entr’acte » ajouté au milieu, mais se transformait en une œuvre de jazz moderne qui, en dépit de la résistance critique de l’époque, bâtissait intelligemment sur les progressions harmoniques d’un Tchaïkovski, il est vrai, parfois peu reconnaissable. Cuivres et rythmes ajoutaient de nouvelles couleurs aux thèmes classiques enrobés dans des orchestrations rutilantes où brillaient quelques-uns des meilleurs solistes de l’orchestre, entre autres les saxophonistes Harry Carney (baryton), Paul Gonsalves (ténor), Johnny Hodges (alto), le tromboniste Juan Tizol et le trompettiste Clark Terry. La « Nutcracker Suite » est aujourd’hui considérée à la fois comme une recomposition réussie d’une œuvre classique et un exemple édifiant de musique américaine dite « sérieuse ».

Soixante-quatre ans plus tard, voici la musique de Duke (et de Billy Strayhorn) revisitée à son tour par le South West Oldtime All Stars qui célèbre ainsi le 125ème anniversaire de la naissance du célèbre pianiste et chef d’orchestre. Originaire du sud-est de l’Allemagne, cet ensemble s’est spécialisé dans la relecture de classiques du jazz, rejouant entre autres les morceaux des Hot Five et Hot Seven de Louis Armstrong. Ce quatrième album marque une évolution en proposant de nouveaux arrangements, écrits par le tromboniste Felix Fromm, de la suite du compositeur russe dans sa version jazz ellingtonienne. Non seulement le son d’ensemble, affiné par un nombre impressionnant de concerts, est clair et détaillé, mais les membres du septet se révèlent être des solistes efficaces, en particulier le clarinettiste Gary Fuhrmann et le trompettiste Martin Auer, même si le jeu reste, globalement, beaucoup plus collectif qu’individuel. « Celebrating The Duke : Nutcracker Suites » (ce dernier mot étant bizarrement mis au pluriel) est une bonne occasion de se replonger dans cette œuvre parmi les moins connues d’Ellington qui, bizarrement, n’en fit pas grand cas et ne l’a jamais jouée en concert. Entre ballet et swing, l’intention restait bien la même que dans l’esprit de Tchaïkovski : faire danser les corps et les esprits, ce que le South West Oldtime All Stars a parfaitement compris et respecté.

Pierre Dulieu