Splashgirl + Robert Aiki Aubrey Lowe : More

Splashgirl + Robert Aiki Aubrey Lowe : More

Hubro

Recevoir un album du label Hubro, avec l’effigie du hibou qui trône dans le coin supérieur droit de la pochette, ça fait toujours plaisir. Un plaisir d’écoute, de découverte. Bien souvent, il s’agira d’un disque qui s’inspire d’un folklore imaginaire du passé transposé dans un futur ébranlé, d’une modernité anxiogène. De modernité, il sera clairement question ici puisque le titre de l’album « More Human » est une référence aux inquiétudes ressenties par des musiciens qui se demandent ce que l’utilisation de l’intelligence artificielle leur prépare ou quelles miettes elle leur laissera. Le septième album du trio Splashgirl, renforcé par la présence du chanteur / sonoriste Robert Aiki Aubrey Lowe, mais aussi par le travail du producteur américain Randall Dunn explore ainsi la condition humaine. Ou plutôt, nous rappelle que si l’homme n’est (plus) rien sans la machine, ses états d’âme par contre s’en passent aisément. L’homme (et le musicien) demeure(nt) authentique(s). Ce que le COVID a tenté de nous faire oublier. Interdit de séjour en Norvège durant l’épidémie, le duo américain Lowe / Dunn a investi un studio d’enregistrement new-yorkais tandis que le trio Jo Berger Myhre / Andreas Vold Lowe / Andreas Lonmo Knudsrod demeurait au pays. Plus qu’un échange de fichiers, c’est à un véritable dialogue transatlantique que nous assistons, les deux parties du projet poussant l’authenticité en enregistrant aux mêmes dates et de façon alternative, une musique parfois très improvisée. Une musique lunaire qui nous rappelle terriblement les atmosphères uniques que Mark Hollis et Talk Talk étaient parvenus à construire lors de l’enregistrement du binôme « Spirit of Eden » / « Laughing Stock ». La deuxième plage de l’album « Taphead » est justement une reprise de « Spirit of Eden », une des perles – tout comme la plage titulaire – d’un album magnifique !

Yves Tassin