
Stefan Smulovitz : Bow & Brush
Quelque part au milieu de la vastitude de la Baie de Vancouver, un homme s’affaire près d’une jetée. Il est possible qu’il ait disposé, sous l’un de ces travers, des microphones pour tenter d’enregistrer le clapotis des vagues. On devine sa silhouette au loin, face à l’océan. A quelques encablures se tient une femme, élégante, avec de longs cheveux, qui scrute l’horizon pour mieux en discerner ses variantes chromatiques. Chacun peint, dépeint, à sa façon, le paysage immense qui leur est donné à voir. Stefan Smulovitz transformera ces impressions en sons. Nadina Tandy en brossera des esquisses sur des canevas. « Bow & Brush » : le disque qui résulte de ce projet commun porte bien son titre. La musique tient davantage d’une sculpture sonore que d’une suite de compositions écrites. Aux douze pièces correspondent douze partitions peintes que l’on retrouve insérées dans le livret de la pochette. Smulovitz recourt à des instruments à cordes traditionnels (violon, alto, basse, lyra) mais également à des instruments spécialement destinés à la musique électroacoustique comme le dvina ou le waterphone et à des appareillages électroniques (Perkons, Enner). C’est dire si sa palette sonore est riche et contrastée. Il n’est pas anodin de relever que, dans le passé, il a collaboré avec des gens comme Uri Caine, Evan Parker, Mark Dresser, Pauline Oliveros… pour n’en citer que quelques-uns. Il compose régulièrement pour le théâtre et le cinéma tandis que l’on lui doit la création de Kenaxis, une plateforme software dédiée à la musique électronique.