Stemeseder & Lillinger : Umbra
Elias Stemeseder et Christian Lillinger se sont rencontrés à Berlin, mus par un intérêt commun à explorer la relation entre le son, l’espace et le temps. « Umbra » est leur deuxième album, il apparaît comme la suite logique de « Penumbra » sorti l’année dernière. Stemeseder délaisse ici quelque peu son piano – sous réserve de sa pédale Una Corda – pour privilégier l’électronique et le synthétiseur. Lillinger fait de même mais reste prioritairement affecté à sa batterie. Sur chaque morceau apparaissent un ou plusieurs invités qui viennent à la fois le construire et le déconstruire. C’est au sein de la scène free avant-gardiste new-yorkaise que la paire est allée les chercher. Ainsi y retrouve-t-on le trompettiste Peter Evans, le bassiste Russell Hall, le guitariste / banjoïste Brandon Seabrook et le joueur de gayageum DoYeon Kim. Ensemble, ils travaillent à étendre, à distendre, des mélodies qui, au départ, sont simples, voire élémentaires. Par l’adjonction d’une multitude de sons épars, elles en deviennent incroyablement trafiquées, emplies. Peter Evans peut s’avérer redoutable en rapidité là ou Seabrook malmène, maltraite ses cordes, tandis que DoYeon Kim explore pour sa part son instrument dans l’intégralité de sa palette. Le résultat n’est pas le capharnaüm que l’on pourrait craindre mais constitue une sorte de bande son pour un travail de fin d’études de physiciens désaxés.