
Szymon Mika : Agma
« Agma » ne ressemble pas aux disques habituels de guitaristes de jazz et se révèle par ailleurs aussi très différent des albums précédents plus intimistes enregistrés en solo et en duo par Szymon Mika. Ce guitariste polonais, très apprécié dans son pays où il a récolté de nombreux prix, propose cette fois une œuvre de compositeur qu’il a écrite spécialement pour être interprétée par un ensemble choisi de musiciens internationaux : le trompettiste slovaque Oskar Török, le contrebassiste polonais Andrzej Swięs et le batteur hongrois Peter Somos auxquels s’ajoute la voix de la vocaliste sud-coréenne Song Yi Jeon. Le premier titre, « Sacred », dont le thème évoque une musique religieuse, donne le ton : c’est une composition sophistiquée mais pleine de lyrisme qui se prolonge par des envolées superlatives de trompette et de guitare.
Szymon Mika joue sur une guitare semi-acoustique fabriquée par le luthier allemand Stefan Schottmüller – qui a l’habitude de collaborer avec Lage Lund et Kurt Rosenwinkel – et montée avec un micro unique situé près du manche. Le son en est particulier, à la fois riche et puissant, parfois modulé par quelques effets comme un peu d’overdrive, de « delay » ou de la réverbération mais sans exagération. Sur quelques morceaux comme « Night Walk », le leader joue sur une guitare acoustique et l’ambiance se fait alors plus planante et plus ouverte aussi. Song Yi Jeon apporte beaucoup à cette musique : à part « Cosmic Sand » sur lequel elle chante des paroles, sa voix est utilisée partout comme un instrument à part entière. On est d’ailleurs littéralement happé par le son d’ensemble de ce groupe très soudé qui s’est entièrement mis au service de compositions innovantes et toutes mémorables. « Agma » est un album qui sort tellement de l’ordinaire qu’il en propulse son auteur, guitariste ET compositeur, dans une division supérieure.