Taxidi, Dreamy Train

Taxidi, Dreamy Train

Taxidi, Dreamy Train (Homerecords)

“World, Jazz, Cinematic Music”… la formule figure en sous-titre de Taxidi, nom d’un groupe formé par de jeunes musiciens belges sortis pour la plupart du Conservatoire Royal de Liège, si ce n’est Joachim Loneux, accordéoniste (diatonique) et percussionniste (cajon, bodhràn) qui s’est formé sur le terrain, instruments très peu classiques obligent ! Comme un slogan, on retrouve ce “World, Jazz, Cinematic Music” sur le site internet de Taxidi, sur la pochette de leur premier album, ainsi que sur les affiches et flyers des concerts. Et, en effet, dès Dreamy Train, titre éponyme du cédé, un concentré d’influences musicales s’expriment, après une courte introduction bruitiste qui laisse entendre une ambiance reconnaissable par tout navetteur patenté. Il s’agit sans aucun doute d’une invitation à embarquer pour un voyage autour du monde en 15 compositions. Ainsi, sur les premières mesures de Katrina, deuxième morceau de l’album, Taxidi revisite même certains airs des “sixties”, avant de libérer le territoire sonore aux échanges entre accordéon diatonique (Joachim Loneux), contrebasse (Isaline Leloup) et clarinette basse (Rudy Mathey), bientôt rejoints par la flûte traversière (Zoé Pireaux). Avec cette instrumentation peu ordinaire, mise au service de compositions irriguées par les veines musicales d’Est et d’Ouest, sans oublier le Sud, américain, le plus souvent, Taxidi déconcerte. Alors, faut-il recevoir ce premier “baby” comme une promesse de destinations plus balisées ? La zone, souvent très ténue, entre imitation et création est parfois un marqueur de premiers albums, de débuts de carrière artistique… et les plus grands sont passés par là ! C’est dans l’interprétation de La Faux, cinquième titre du cédé, où on peut entendre le guitariste Quentin Liégeois, digne héritier de René Thomas, en invité, que Taxidi s’ancre dans la note bleue, sans ambiguïté, ce que soulignera l’intervention magistrale de Rudy Mathey à la clarinette. Un peu plus loin, sur Dubka, Taxidi glisse progressivement d’un climat plutôt chatoyant vers les accents lourds et répétitifs caractéristiques du Dub, genre musical issu du reggae. Quant à White Sails, il permet enfin d’entendre la voix de soprano de Zoé Pireaux quitter les vocalises, pour une  interprétation très incorporée de “Words”, un sublime poème d’Oscar Wilde. Et, alors que Tudo Verde ne recule pas devant la rencontre audacieuse entre rap (Taio Thai) et baroque (Pireaux), les Préludes N°1 à N°4 exposent différents accents de la guitare, avec Quentin Liégeois et Karim Baggili en invités, en plus du leader de Taxidi, Simon Fransquet. Enfin, c’est avec Klezmicosmic, titre en coda de “Dreamy Train”, que Taxidi puise sans recul dans la tradition juive d’Europe Centrale, pour livrer un au-revoir en up tempo. L’Europe Centrale, les Balkans,  à distance de TGV de la gare où le “long playing” de Taxidi a débuté : Cinematic, on vous l’avait bien dit ! 

Philippe Schoonbrood