
The Bad Plus : Complex Emotions
Mack Avenue / New Arts International
Autrefois était le Bad Plus. On ne va pas se raconter des histoires : depuis le départ fin 2017 du pianiste Ethan Iverson – une pièce maîtresse sur cet échiquier – le Bad Plus n’existe plus. Ni dans sa version 2.0 (01/01/2018 – 13/03/2021) lorsque Orrin Evans récupère le tabouret laissé vacant, ni dans sa version actuelle avec Ben Monder (guitare électrique) et Chris Speed (saxophone ténor), donc sans piano. C’est néanmoins bien un album signé par le Bad Plus qui nous arrive aujourd’hui. Bien sûr, la solide rythmique des débuts (vingt-cinq ans d’âge…) n’a pas bougé. Par contre, la marque de fabrique qui a porté le trio aux sommets de la gloire a disparu. On se rappelle, avec une petite pointe de nostalgie, de leurs reprises de standards du rock (Radiohead, Kraftwerk, Vangelis, Nirvana et tant d’autres), autant de relectures aussi irrespectueuses de l’original que formidables ! Et à ce sujet, on s’étonne toujours, dix-sept ans plus tard, de la justesse de la chanteuse Wendy Lewis sur un « Comfortably Numb » du Floyd qui part joyeusement en vrille…
Et donc, voici « Complex Emotions », un nom qui décrit parfaitement notre ressenti à l’écoute de ce nouvel album entièrement composé par le groupe. Soyons clairs : cette musique tient la route. Ce qu’on entend ici, c’est un jazz (et un rock) puissant et mélodieux qui, s’il n’était signé « Bad Plus », nous enthousiasmerait dès la première écoute. Le débat se situant alors dans cette question : ont-ils eu raison de ne pas changer de nom ? Un débat qui, malheureusement, détourne un peu notre jugement sur la (vraie) qualité de leur album. The Good Plus ?