The Nick Moss Band with Dennis Gruenling : Get Your Back Into It

The Nick Moss Band with Dennis Gruenling : Get Your Back Into It

Alligator Records ‐ Références catalogue : ALCD 5013

On ne présente plus Nick Moss (chant et guitare), un des membres les plus respectés de la communauté blues de Chicago; il s’est fait connaître successivement comme bassiste de Jimmy Dawkins puis comme guitariste de Willie « Big Eyes » Smith au sein du Legendary Blues Band avant de faire partie du band de Jimmy Rogers pendant des années, y perfectionnant son jeu de guitare, apprenant les arcanes du show business et comment manager un groupe et négocier des contrats. Finalement, c’est en 1997 qu’il a formé son premier band et sorti son premier album en 1998 sur Blue Bella, son propre label. Beaucoup d’autres albums ont suivi sur tout un panel de compagnies et c’est en 2016 qu’il a formé équipe avec Dennis Gruenling, un harmoniciste renommé et un ami depuis plus de 20 ans. Le duo a rejoint la famille Alligator et on tient ici leur 3e opus pour ce label avec Rodrigo Mantovani (basse, percus et production), Taylor Streiff (p, keyboards), et Pierce Downer (drums); il y a des guests, Sax Gordon Beadle (saxophones) et Brother John Kettke à l’orgue sur l’instrumental enlevé « Out of the Woods », en mode jazz, bourré de swing, dans lequel Sax Gordon bien présent quasi partout, est particulièrement actif et mis en valeur. Nick Moss a composé 12 des 14 faces et Gruenling les 2 autres, comme un rentre-dedans « Man on the Move » qu’il chante avec détermination, comme « Your Bark Is Worse than Your Bite » extraverti et pétillant d’humour.

Tout du long, Moss et Gruenling rivalisent de savoir-faire et de talent, tous 2 sur la même longueur d’onde et en parfaite harmonie. C’est du blues électrique traditionnel à l’ancienne faisant revivre, avec panache, une époque révolue et cela démarre avec un « The Bait Is in the Snare » joyeux et festif suivi d’« Aurelie », un slow blues obsédant et tout en nuances ; le titre éponyme (… implique-toi !) est en medium avec, outre guitare, slide et harmonica exaltés, de belles parties de piano (T. Streiff). « Living in Heartache » en slow est une lamentation sur les affres de l’amour, et « Lonely Fool » et « Loosing Ground » sont dans la même veine. On notera encore « It Shocks Me Out » ironique et humoristique ainsi que « Bone’s Cantina », un instrumental guilleret et dansant aux accents latinos (avec quelques mesures de La Cucaracha), c’est un clin d’œil à leur ami Anthony Ramirez, et surtout « The Solution », un hommage émouvant à Jimmy Johnson décédé l’an dernier à l’âge de 93 ans. L’opus se termine en beauté avec « Scratch ’n’ Sniff », un instrumental proto rock and roll débridé qui donne des fourmis dans les pieds.

Robert Sacre