The Titillators : That’s the night

The Titillators : That’s the night

Noodle Factory Records

Si vous voulez entendre de la musique étrange, vous allez être servi avec ce groupe canadien. Il est mené par Ryan Driver, il a composé les dix titres que l’on trouve sur une cassette éditée à 150 exemplaires et qu’il nous a fait parvenir directement de chez lui, à Toronto. (Pour info, il existe une version digitale et un pressage vinyle de 300 exemplaires vient tout juste de voir le jour sur Tin Angel Records – pour être précis en octobre 2023). Ryan joue d’un instrument de sa création qu’il nomme le « street sweeper bristle bass » et que je pourrais essayer de vous décrire comme l’association d’une boite à biscuits en fer fixée au-dessus d’une boîte à cigares amplifiée ! Une variante des fameuses « cigar box guitar ». À ses côtés, deux musiciens s’occupent des synthés : la pianiste de jazz Tania Gill et Thom Gill qui lui, en plus, est un siffleur ! Le côté rythmique est apporté par trois percussionnistes qui ont reçu comme consigne de ne jouer sur aucun des composants d’une batterie standard ! Pour être complet, sachez qu’une chanteuse vient faire une petite prestation sur la plage titulaire et que tous ces musiciens jouent aussi dans de nombreuses autres formations canadiennes. Et qu’est-ce que tout cela nous donne ? Eh bien, des titillements (je n’avais pas à me creuser beaucoup !), des « chatouillements agréables », une musique instrumentale que l’on pourrait qualifier d’interlude, de lounge, de musique d’ascenseur ou comme support pour des documentaires floraux… Les plages consistent en l’association de l’étrange instrument du leader avec des nappes de synthés évanescentes, retenues et des bruissements rythmiques relativement indéfinissables. Parfois se posent quelques lignes jazzy, du ragtime, de l’improvisation, un peu d’électronica. Le groupe nous désoriente en nous proposant des choses à la fois étranges, sensibles, perturbantes, dissonantes tout en y ajoutant, pêle-mêle, des aspects plus fun. Mais nous sommes face à un univers complètement unique, indéfinissable qui oscille entre le charmant et le perplexe. De doux dingues, planant dans leur propre trip, et comme on les aime. Parfois.

Claudy Jalet