
The Voodoo Drummer Duo : Hellas Spells
Ce duo nous vient de Grèce et fait partie d’un mouvement nommé « Rejected Artists ». Si cela n’est pas une bonne indication pour comprendre leur démarche et la nécessité de s’autoproduire… Le titre de l’album, où le « A » est écrit en tout petit (évoquant l’accent « ‘ ») nous renvoie d’office vers AC/DC et son Hells Bells mais le groupe propose une tout autre explication : Hellas Republic fait référence à la Grèce et Hell est l’endroit où beaucoup d’entre-nous devraient parvenir tôt ou tard ! Le groupe est composé de Stravos Parginos au violoncelle et de Chris Koutsogiannis (il a fait partie du groupe anglais Tiger Lillies) à la batterie et au « weirdofon », en fait un balafon métallique seulement pourvu d’une octave et rapporté par le musicien lors d’escapades en Afrique. Le groupe rajoute quelques voix, des cloches, une scie (jouée par Adrian Stout des Tiger Lillies) et une guitare (jouée par Louisiana Red) ainsi que des bruits divers notamment des coassements au sein d’ « Aristophane’s Frogs ». Morceau sur lequel intervient Blaine L. Reininger (Tuxedo Moon) au violon. En introduction, le duo a placé une étonnante reprise qui joint « Set The Controls » de Pink Floyd avec « A Love Supreme » de John Coltrane ! Vraiment original avec, en sus, cet ajout de scie et de cloches ! Il y a trois autres reprises au sein des neuf titres, elles sont de Giorgos Batis, Moondog et Erik Satie ! Pas vraiment le genre de reprises habituel ! Musicalement, tout est axé sur le violoncelle et sa sonorité assez grave et une batterie plus que réduite, mais l’originalité est apportée par toutes ces interventions particulières souvent minimalistes mais judicieusement utilisées, placées. Cela peut ressembler à du bricolage lors de la première écoute, faire penser à du « foutraque » mais c’est beaucoup plus que cela. Beaucoup plus réfléchi, travaillé qu’on ne le pense et, au final, la conclusion que l’on peut rendre est que l’écoute de ce cd est passionnante, intrigante et le tout s’affirme comme étant original. Car entrecroiser la musique voodoo, l’africaine et la classique contemporaine avec des apports étranges issus de bruits divers, bizarres, surprenants, relève d’un beau challenge. Duquel le duo en sort éminemment convaincant. Curieux de voir ce que cela peut donner sur une scène.