Thierry Maillard : Moog Project

Thierry Maillard : Moog Project

Ilona Records / L’autre distribution

Le pianiste, compositeur et directeur de label français publie des disques au rythme de certains groupes de rock anglais et américains du début des seventies, à savoir deux albums par an ! Et c’est justement cette période qui lui a inspiré ce nouvel album basé, vous l’aviez deviné, sur l’exploitation sonore du Moog, cet instrument légendaire. Un des premiers vinyles que Thierry Maillard s’est acheté fut « Breakfast in America » de Supertramp, d’où son admiration pour le groupe anglais et son piano électrique. A noter que Thierry Maillard jouait déjà des synthés et des Moog lors de ses premiers concerts de jazz. A l’époque, le jazz-rock était aussi une de ses passions et il admirait des groupes ou des musiciens tels que Mahavishnu Orchestra, Joe Sawinul ou Return To Foverer. Entre autres. Sur cet album de quinze titres (71 minutes), le pianiste rend un fameux hommage à Supertramp en adaptant pas moins de sept titres de leur répertoire. Pour cela, il utilise 21 (!) claviers (Moog, Yamaha, Korg, piano) et est accompagné du fidèle Yoann Schmidt à la batterie ainsi que du pianiste de jazz Amaury Faye (entendu notamment dans « Initiative H ») qui joue ici de six autres claviers. Pas de bassiste au sein de ce trio atypique mais bien des synthés-bass pour remplir cette mission. Les reprises (incluant aussi le standard « All the Things You Are ») et les compositions (quatre de Maillard, deux de Schmidt) sont remaniées ou arrangées en forme d’hommages au passé. Dans ce contexte, tout est donc joué en direct, sans bande ni boîte à rythme. Tous les morceaux évoluent dans un esprit principalement jazz, jazz-rock, avec quelques références à la musique cosmique. Notamment sur le morceau « Towards the Moon » inspiré par le voyage de la navette spatiale Apollo. Après un album en piano solo acoustique (« Une larme de pluie »), à qui cet album électronique / électrique semble-il être destiné ? Je dirais : aux fans curieux de Supertramp qui auraient envie d’entendre ces relectures instrumentales et jazzy de classiques de la pop (« It’s Raining Again », « Dreamer », « Cannonball », « Take the Long Way Home »…), aux amateurs de grands pianistes issus du jazz-rock (Herbie Hancock, Chick Corea…) et aux férus de musiques électroniques intrigués, curieux de ces sonorités vintage. Seule réticence, à mon humble avis, l’écoute d’une traite est un peu fastidieuse. Mais il n’est écrit nulle part que c’est ainsi que l’on doit découvrir cet album, on peut le détailler à son rythme. Je terminerai en signalant l’originale idée d’avoir inséré ces fiches informatives dans la pochette. A dans six mois avec un autre projet, Thierry ?

Claudy Jalet