Thierry Maillard : Une larme de pluie
Ilona Records / L’Autre Distribution
Repéré à ses débuts par Michel Petrucciani, ce pianiste français à la formation classique s’ouvre par la suite au jazz et aux musiques du monde. Musicien, compositeur et orchestrateur, il va jouer aux côtés de grands noms tels que Bireli Lagrène, John Pattucci, Michel Portal, Didier Lockwood, mais aussi se faire seconder par l’Orchestre Philharmonique de Prague, son but ultime à l’époque (2015). N’ayant peur d’aucun changement de cap, il évolue en trio ou en piano solo. En 2018, il forme le Thierry Maillard Big Band avec lequel il publie deux albums, dont un tonitruant hommage (sous la forme d’un double cd) nommé « Zappa Forever ». Et les albums se suivent : « MLB » avec Sylvain Luc et Stéphane Belmondo puis ce magnifique « Caméléon » avec le Thierry Maillard Ensemble, sur lequel quatorze musiciennes mais surtout neuf chanteuses lyriques et étonnantes sont conviées. Pour moi c’est ce qu’il a fait de plus aventureux, j’ai adoré ce cd !
Et voici déjà qu’arrive un autre album en 2022. Un album de piano solo (seul le titre « Origines » est joué avec un accordina) qui comprend uniquement des compositions sous la forme de « chansons sans paroles ». Face à son instrument, il dit s’être interrogé sur son identité de jazzman, lui le grand amoureux de Bach, Bartok, Mozart et Chopin, mais aussi de Bill Evans ! Pour répondre à ce questionnement il s’est immergé dans un univers intimiste. Là où il place son évidente virtuosité, où la mélodie l’emporte, où les émotions douces nous enlacent. Au sein d’un univers de solitude, de songes, de mélancolie. Il ressort de ces seize compositions de la tendresse, de la beauté mais aussi un certain manque de soubresauts, de diversité. Je pense sincèrement qu’il a conçu cet album comme une entité, comme une œuvre à l’univers singulier, un disque qu’il se devait de faire en cette période de repli, de pandémie. Avec dix-huit albums à son compteur, il pouvait bien se permettre cet exercice, ce plaisir. Avant de certainement revenir nous surprendre avec un étonnant projet. Ce que j’espère. Mais il le fera.