Thomas Backman : Nothing

Thomas Backman : Nothing

Modern Musik

Au rayon des fusions musicales, le saxophoniste clarinettiste flûtiste producteur suédois Thomas Backman en connaît les tenants et les aboutissants. Accompagné d’une chanteuse pianiste, d’une violoncelliste, d’un bassiste guitariste qui s’occupe aussi des synthés et d’un batteur qui, en plus, est un touche-à-tout en bidouillages électroniques, Thomas nous propose six compositions de sa plume ainsi qu’une adaptation de « Scherzo demoniaco » basée sur la musique du compositeur pianiste allemand Sigfrid Karg Elert. Quelques invités viendront étoffer cette musique versatile aux confins du free jazz, du shoegaze, du hip hop où se rajoutent parfois des orchestrations pop. Et ces invités imprègnent vraiment la composition de leur marque. La chose est particulièrement évidente avec le rappeur de Baltimore, Eze Jackson (qui adapte un texte d’Emily Dickinson) mais l’apport d’un trombone, d’un violon ou d’un chœur est aussi une chose judicieuse. Certains ont dénommé cette musique comme du « crime jazz » ou du « chamber jazz pop ». Moi, j’inclus ceci dans la scène jazz intrépide qui accepte de la musique contemporaine. Celle qui convie du rap, de la poésie, des cordes ou de l’électronique en son sein. Un jazz tentaculaire qui alterne la voix assez douce d’une chanteuse et celle, très expressive, d’un rappeur. Et dans lequel surgit un impressionnant solo de saxophone baryton (« Threads ») ou un efficace trombone. Une musique aux fondations solides, aux sonorités parfois singulières, étonnantes, qui requiert une certaine ouverture d’esprit, demande de la curiosité musicale, mais qui nous offre, au bout des écoutes, de nombreux ravissements grâce à ces aboutissements originaux. La créativité de certains musiciens semble sans limite et Thomas Backman fait partie de ces heureux élus. Un album quelque peu intrigant qui se dévoile toujours après quelques écoutes.

Claudy Jalet