
Thomas Champagne : L’entretien de la Random House
« Keep It Up » c’est le nouveau disque de « Random house », le quintet de Thomas Champagne, Guillaume Vierset, Ruben Lamon, Alain Deval et le trompettiste américain Adam O’Farrill. Rencontre avec l’altiste.

Thomas Champagne © Robert Hansenne
Comment s’est passée la sortie de l’album précédent ?
Thomas Champagne : On a enregistré l’album précédent en 2019 et sorti en 2022, entre les tranches de covid, à une période où on n’avait pas de possibilités, ce qui, je pense, n’a pas beaucoup changé au niveau des concerts : les programmations étaient surchargées, on a dû refaire son trou, on a eu les Belgian Jazz Meeting qui nous ont offert une ouverture, mais les concerts n’ont pas suivi alors que notre prestation avait ravi pas mal d’agents. C’est un truc business compliqué qui coûte cher pour le retour qu’on a eu.
«Il y a le côté humain qui nous rassemble… et une certaine abnégation du leader (rires)» !
Ton groupe tient depuis 2017
T.C. : Et les premiers concerts c’était 2014.
A quoi tient cette longévité ?
T.C. : Une question d’affinités. Il y a le côté humain qui nous rassemble, et une certaine abnégation du leader (rires) qui cherche les concerts, qui encourage le groupe, qui invite un nouveau guest, qui contacte les festivals…
En 2019, tu parlais du partage des compositions avec Guillaume. Est-ce toujours le cas ?
T.C. : C’est toujours le cas pour cet album : trois morceaux de moi, trois de Guillaume, un de Adam. « Random house » c’est un peu l’univers de Guillaume et moi. Je passe par le filtre « est-ce que tu aimes bien ou pas ? », mais Guillaume compose plus que moi, il vient avec beaucoup de propositions.
Tu reprends la formule de l’ « Interlude » qui était déjà sur l’album précédent.
T.C. : L’interlude ici est totalement improvisé. Dans l’album précédent, les interludes servaient d’introduction aux morceaux qui suivaient. On s’est dit que c’était bien d’avoir des morceaux courts un peu free, sans consignes.
Tu as conservé la même densité aussi : 38’ pour « Tide » et 43’ pour celui-ci, le vinyle est en vue ?
T.C. : Ce n’est pas la première raison. J’aime bien le côté compact : étaler et en dire trop n’incite peut-être pas les gens à réécouter. Certaines compositions étaient de trop pour la longueur qu’on souhaitait, on a dû faire un tri.

Thomas Champagne © Robert Hansenne
Tu es sur un nouveau label « Musiques Bleu Dans Vert ».
T.C. : C’est Renato Baccarat, graphiste, chanteur et guitariste, qui l’a créé. On se connaît depuis longtemps. Il a monté une maison d’édition de livres principalement BD, roman graphique « Editions Bleu Dans Vert ». Il a sorti pas mal de références depuis 2021, dont des recueils de poésie. Il a aussi décidé de monter un label qui sort mon premier disque et le sien vient de sortir. Il a aussi dessiné pour l’album « Gribou Jazz ».
«J’essaie d’avoir un équilibre pour chacun, que tout le monde ait sa place.»
« Uncertainties » sonne très travaillé.
T.C. : Ça vient de l’intro un peu planante, il y a un petit côté choral, j’ai voulu faire une sonorité simple, un peu pop avec la place de la guitare.
Tu es plus compositeur que soliste sur l’album.
T.C. : Tu trouves ? J’essaie d’avoir un équilibre pour chacun, que tout le monde ait sa place. En quintet, c’est plus ouvert pour les dialogues entre souffleurs, et souffleurs et guitare. Guillaume donne beaucoup de couleurs au disque. Il a ce côté pop-rock que j’aime bien, il assume ce son plus fort, plus rock. C’est son côté « révolutionnaire » qui le mène là ! (rires) Il y a son côté remise en cause du système.
Le côté impro qui amène des choses avant le thème me fait penser un peu à ce que faisait Wayne Shorter dans son quartet. Il fait partie de tes références ?
T.C. : Tout à fait. Etant altiste, je suis passé par Parker et beaucoup par Lee Konitz, mais j’ai écouté les quatre grands ténors : Coltrane, Shorter, Rollins et Joe Henderson, mais Wayne Shorter est tout en haut de la liste. Je n’essaie pas de jouer bop, j’ai envie d’ouvrir le langage, et ce sont souvent des ténors qui ouvrent la voie.
Des dates à annoncer ?
T.C. : On a déjà joué au Rideau Rouge et à la Jazz Station. Les dates confirmées sont le 28 mars à L’An Vert et le 1er octobre au Pelzer’s Jazz Club à Liège.
Thomas Champagne Random House
Keet it up
Musiques Bleu Dans Vert