
Tom Bourgeois Quartet : Lili
Ce que l’on sait de tom Bourgeois, c’est qu’il est insaisissable. Le saxophoniste tient peu en place et s’envole dès qu’il le peut, comme les aigrettes au printemps. Un printemps chargé pour lui semble-t-il, où il se dispersera entre les concerts des Moanin’Birds (un projet créé avec le contrebassiste brésilien Fil Caporali), son duo avec la pianiste taïwanaise Yu-Ting, le groupe Odil emmené par Camille-Alban Spreng et, bien évidemment, ce nouveau quartet « Lili ». « Lili » pour Lili Boulanger. Une compositrice française dont la vie bien trop courte a été interrompue par la maladie en 1918 à l’âge de vingt-quatre ans, et dont l’œuvre s’est achevée sur son lit de mort depuis lequel elle a dicté à sa sœur son ultime composition, « Pie Jesu » (reproduite ici avec une gravité solennelle). Une fin dramatique qui s’est heurtée à un succès rencontré précocement et qui a inspiré Tom Bourgeois pour cet hommage empreint d’émotion et d’intensité. Aussi bien à son aise dans le jazz que dans la musique contemporaine, le musicien franco-bruxellois n’a eu aucun mal à confronter au sein d’un même album les contradictions nées de l’écriture et de l’improvisation. Bien aidé en cela, il est vrai, par le batteur multifonctionnel Théo Lanau et le duo inséparable formé par Lennart Heyndels et Alex Koo (ce dernier étant pourtant avare en collaborations extérieures). Notez encore la présence lyrique de l’exceptionnelle Veronika Harcsa pour les parties chantées (dont l’émouvant « Cortège ») ainsi que celle du violoncelliste parisien Vincent Courtois.
Un hommage inspirant, comme furent l’œuvre et la vie de celle à qui il est rendu.
En concert au 140, Bruxelles, le 26 avril.