Trio Barolo : Traversées

Trio Barolo : Traversées

Euvrard / Kollision Records / Inouïe Distribution

J’avoue que, jusqu’à ce jour, le Barolo n’évoquait pour moi que ce vin du Piémont riche en arômes et porteur de sensations gustatives bien charpentées. Avec le Trio Barolo, on part à la découverte d’autres senteurs, riches en couleurs et en originalité. Car dès la lecture du line-up, on se dit qu’on tient là quelque chose de particulier, voire d’inédit : contrebasse (Philippe Euvrard) – accordéon (Rémy Poulakis) – trombone (Daniel Zimmerman), soit un assemblage qui éveille les sens. En effet, cette orchestration inédite – on la rapprocherait du trio accordéon – trombone / tuba – violoncelle de nos nationaux Florizoonne/Massot/Horbacewski – ne manque pas de sel, la voix multi-formes de Rémy Poulakis, l’accordéoniste, ajoutant ce brin de folie à l’ensemble. Intitulé « Traversées », l’album raconte les voies de la migration méditerranéenne. Généreuse est le premier mot qui vient à l’esprit à l’écoute de la musique composée par le contrebassiste Philippe Euvrard. Partagée aussi entre les trois musiciens avec un bel équilibre entre trombone, accordéon et voix, une voix polymorphe balançant entre André Minvielle et l’opéra, ainsi sur le tendre « Tu ca nun chiagne » seul titre non écrit par le contrebassiste, où la voix de Rémy Pulakis s’envole comme dans les meilleures canzones napolitaines. « Circo Valse » s’inscrit elle aussi dans la lignée d’un répertoire festif et joyeux. « Kalbanic dance » s’inscrit aussi dans ce registre y ajoutant une touche de virtuosité tourbillonnante à laquelle prennent part les trois musiciens. « Tango pour Seges » maintient la danse au centre du projet, chaque instrument y mettant sa petite touche humoristique. « Bach to Alba » clôture l’album sur le souffle de l’accordéon, la langueur du trombone, la douceur de la contrebasse, bousculé par un court moment de folie avant de revenir et de clôturer sur un apaisement général. Un troisième album du trio très réussi et qui devrait nous inciter donc à plonger dans leurs cuvées précédentes.

Jean-Pierre Goffin