
Tutu Puoane & Metropole Orkest : Wrapped In Rythm Vol II
Soul Factory / L’autre distribution
Quatrième album pour la chanteuse née à Pretoria, en Afrique du Sud, mais résidente anversoise depuis 2005. Comme sur le Vol I, paru début 2024, les poèmes qu’elle a mis en musique sont de la plume de l’autrice Lebo Mashile et sont issus de l’anthologie « In A Ribbon Of Rythm ». La grande différence avec l’album précédent, diffusant un raffiné mélange de jazz, de pop et de soul, réside dans l’accompagnement en soutien de la voix de la chanteuse. Place désormais à un imposant orchestre symphonique néerlandais composé d’une cinquantaine de musiciens (cordes, cuivres mais aussi un trio guitare, basse, batterie) et placé sous la direction de Jacomo Bairos, un renommé chef d’orchestre à la double nationalité portugaise et américaine et qui a collaboré avec des artistes aussi connus que Wyclef Jean, Angelique Kidjo ou Macy Gray. Derrière tous ces artistes, nous retrouvons Bert Joris aux arrangements et le pianiste Ewout Pierreux, mari de Tutu, s’est chargé de la production après avoir composé tous les titres avec son épouse. Dès la première plage « Dawn » le ton général de l’album est donné même s’il y aura des nuances. Place à un jazz relativement soft, un jazz de crooner que renforce le côté symphonique de l’orchestre. « Elasticity » accueille le rappeur Shariff Simmons et le morceau s’incruste dans un milieu proche de celui du groupe de jazz-rock américain : Blood, Sweat And Tears. Cette comparaison est due essentiellement à l’énergie déployée ici par les cuivres. Mais sur de nombreux autres titres nous allons souvent être imprégnés dans ce qui pourrait s’apparenter à une comédie musicale ou à un show de crooner. L’orchestre symphonique étant, en toute logique, l’élément déclencheur de ces ressentis. Et quand je vous parlais ci-dessus de nuances, il y en a une superbe avec l’intervention sur « Stories » d’un invité renommé, à savoir le saxophoniste ténor sud-africain Buddy Wells. Sur ce magnifique titre, tout est parfait : la voix, les cordes et surtout ces imposants, victorieux et puissants cuivres. C’est ce que l’on nomme du grand art, de l’immense soul (cette finale !) et pour moi la pièce maîtresse de l’album. Par-dessus tous ces éléments instrumentaux, se place la superbe voix de Tutu. Une voix puissante qui se faire aussi pop, douce, soul, crooneuse, tendre (« Song For Kedi ») et qui est rejointe par celle de Lebo Mashile sur la dernière plage « Found My Self In A Poem ». En épilogue je dirai que cet album est sans faille, qu’il est magnifiquement chanté et exécuté, qu’il bénéficie d’une élégante production et qu’une prestation live de tous ces acteurs, dans une salle adéquate devrait être gage de bons moments. Pour peu que la soul symphonique et le style « comédie musicale » vous soient ouverts. Mais retenez que cet ambitieux album est convaincant.