Wabjie : Lull
C’est de Suisse, et plus précisément édité sur un label/disquaire de Genève, que nous vient ce désarmant trio composé de Soraya Berent (chant, synthés, paroles, compositions), Michel Wintsch (piano, synthés, compositions) et Samuel Jakubez (batterie). Une formule assez originale qui décline sa musique, sur ce premier album, entre un mélange de jazz et d’électro et où le piano et la batterie se confinent dans une certaine tradition. Mais l’apport de la belle voix de Soraya et les synthés engendrent des accents plus contemporains, de la décontenance, de l’imprévu. Un jazz qui louvoie parfois vers des ambiances renvoyant vers le trip hop, voire le kraut un rien sidéral. La fluidité du jeu du pianiste, qui joue en acoustique, s’accorde à merveille avec les intonations, les saccades, les vocalises, les cris émis par la chanteuse. Le batteur décontenance de surcroit le duo avec des frappes à contre temps, semblant se la jouer seul dans son coin mais de manière efficace. Ce jazz se révèle comme étant contemporain, progressif, avant-gardiste. L’univers musical est surprenant, aventureux (il y a un peu de Björk dans ces créations), original, captivant (la plage titulaire entre autres) et cajoleur au détour du titre « Dolomite ». Je me dois de vous dire aussi quelques mots sur le livret. Il contient uniquement les paroles mais elles sont disposées de façon géométrique ou graphique. Elles évoquent des triangles, un cercle ou un arbre, voire un sablier. De jolies trouvailles et une belle pochette de surcroit ! Une étonnante découverte que ce groupe dont le nom évoque les herbes qui poussent entre les pavés ! Existe-t-il une symbolique dans tout cela ? Creusez les sillons !