Walt Weiskopf European Quartet : Introspection
Avec une vingtaine d’albums parus sous son nom, le saxophoniste américain Walt Weiskopf a déjà une belle carrière derrière lui. Alors qu’à l’hiver 2020, il était en tournée en Europe avec son quartet habituel de musiciens danois incluant le pianiste Carl Winther, le bassiste Andreas Lang et le batteur Anders Mogensen, le leader en avait profité pour enregistrer six titres dans un studio de Copenhague. Ces derniers avaient d’abord été édités en EP digital avant d’être ressortis une année plus tard en compact avec six nouveaux morceaux supplémentaires (les six premiers sur le CD), cette fois enregistrés à distance dans trois studios différents situés au Danemark, en Allemagne et aux Etats-Unis.
Walt Weiskopf joue un post-bop mélodique, centré autour d’un jazz mainstream bourré de swing. Sa tonalité pleine qui évite le vibrato, donne vie aux ballades comme « The Peacocks » de Jimmy Rowles, le standard « When Your Lover Has Gone » écrit par Einar Swan et popularisé par Frank Sinatra, ou encore l’iconique « You Know I Care » de Duke Pearson, jadis sublimé par Joe Henderson dans son célèbre album « Inner Urge ». Mais le saxophoniste ténor n’est pas à l’aise que sur les ballades : son phrasé peut aussi devenir intense sur les morceaux plus enlevés comme sur sa propre composition, « Introspection », qui bénéficie par ailleurs également d’une brillante improvisation du pianiste. « Dot-Dash », une autre composition originale du leader en forme de hard-bop débridé, n’est pas sans renvoyer à un John Coltrane, époque Prestige. On sent que le quartet est bien rôdé (c’est déjà son troisième disque) et, même en travaillant à distance, ils se connaissent suffisamment pour que l’auditeur ne remarque aucune différence. En plus, les arrangements ont été particulièrement soignés. Ainsi, on peut entendre sur certains morceaux, comme « Beaches Of Cascais », des ajouts de clarinette et de flûte, probablement surimposés a posteriori par le leader, qui enjolivent la musique avec sobriété et sans jamais distraire de l’essentiel.
« Introspection » séduit par son jazz entre modernité et tradition, mis en valeur par un quartet solide au sein duquel les deux solistes font preuve à la fois de maturité et d’une technique sans faille. C’est déjà beaucoup !