We Insist!
We Insist ! Le titre de l’album emblématique de Max Roach ne se réduit pas à sa seule valeur référentielle, il est aussi une maxime, une devise éclairée. Etabli depuis deux ans dans la grande périphérie milanaise, le label éponyme en a fait son mantra. S’il travaille à la confection d’un catalogue essentiellement dédié à des artistes du cru, il ne s’interdit pas pour autant quelques entrées exogènes. Ainsi cet enregistrement live de Joëlle Léandre accompagné pour l’occasion de l’accordéoniste Pascal Contet. Capté l’année dernière au festival Area Sismica à Forli, petite ville sise près de Ravenne, il met en dialogue la contrebasse de Léandre et l’accordéon de Contet. Au fur et à mesure que l’échange s’installe, les instruments s’affirment, se détachent pour mieux se retrouver. Leur respiration respective se fait plus pressante, plus impérieuse, ils se répondent en pleine intelligence, parfois au retour de détours joués et déjoués. Miraculeusement, l’enregistrement parvient à conserver le caractère intimiste de cette drôle de causerie.
Pour sa part, Gianmaria Aprile est une des figures de proue du label. Ce disque solo, enregistré et mixé par ses soins, le voit proposer un opus pour guitare et pour guqin, un instrument à cordes pincées traditionnel chinois. Il se décline en huit parties quoique celles-ci pourraient très bien être agencées dans un tout autre ordre tant il ne semble avoir ni début, ni fin au fil qu’Aprile suit ou du moins semble se donner à suivre. Les sons demeurent suspendus, flottant dans l’air comme des miasmes vaporeux. Dans les notes écrites qui accompagnent le disque, Aprile explique qu’il a voulu s’isoler dans un petit village (Solbiate), s’immerger pour en capturer l’atmosphère, pour en saisir des instantanés, effaçant la ligne du temps entre passé et présent. Des reproductions de son travail plastique, une série de xylographies en noir et blanc, agrémentent la pochette. Elle témoignent assurément d’un artiste aux talents pluriels.
Eric Therer