Wolfgang Muthspiel, Scott Colley, Brian Blade : Dance of the Elders

Wolfgang Muthspiel, Scott Colley, Brian Blade : Dance of the Elders

ECM / Outhere

Après un premier album, « Angular Blues » déjà remarqué avec cette rythmique de rêve, voici le même trio, enregistré non plus à Tokyo, mais à Oakland, Californie. Le répertoire est calqué sur le même schéma pour les deux galettes : des compositions du guitariste et deux reprises. Si pour le premier album, les reprises étaient deux standards bien connus – « Everything I Love » de Cole Porter et « I’ll Remember April » de Ray/de Paul – Wolfgang Muthspiel s’est concentré cette fois sur des options plus personnelles : le splendide « Amelia » de Joni Mitchell et « Liebeslied » de Kurt Weil dont il nous expliquera le choix dans l’interview qu’il nous a accordée. L’album s’ouvre sur « Invocation », le morceau le plus long et qui vous plonge immédiatement dans le climat introspectif et fluide des sept titres formant la quarantaine de minutes de l’album, format clairement dicté par le retour sur le marché des versions vinyles. « Prelude to Bach » est une variation à la guitare acoustique (privilégiée sur plusieurs titres) sur « la Passion selon Saint Mathieu », d’une finesse et d’une élégance parfaite. « Dance of the Elders » est construit sur une mélodie qui évoque un folklore sans doute balkanique, marqué par une métrique particulière que le guitariste reprend par des battements de main sur lesquels Colley et Blade tissent leurs improvisations, un des titres clés de l’album. « Liebeslied » est enlevé sur un tempo bebop alors que « Folksong » nous plonge dans un univers où le guitariste se sent particulièrement à l’aise, soutenu par la brillante diversité rythmique de Brian Blade et les variations polyrythmiques de Scott Colley, surprenantes mais totalement fondue dans l’homogénéité du discours. Car ces trois-là développent un niveau d’osmose confondant du début à la fin, dégageant une invention de tous les instants dans une fluidité qui laisse sans voix. « Amelia » de Joni Mitchell clôture ce grand moment de musicalité parfaite, si ce n’est qu’on aurait voulu qu’il se prolonge encore. Seule solution : se repasser l’album encore et encore.

Retrouvez l’interview de Wolfgang Muthspiel dans JazzMania ce mercredi 11 octobre.

Jean-Pierre Goffin