WorldService Project : Hiding in Plain Sight
5ème album pour WorldService Project, groupe anglais déjanté qui se définit lui-même comme un groupe de punk-jazz. Au-delà des classifications (est-ce du jazz ?) qui n’ont plus vraiment de sens, avouons qu’il y a un petit quelque chose qui se rapproche de l’idéal musical punk. Ces compositions qui, pour la majorité, ne dépassent pas 3 minutes 30, cette énergie anarchisante et dérangeante dans le jeu et dans le chant (cf. « Sex, Lies, Lies And Lies ») et des prises de position politiques gauchisantes, avec le départ de l’Angleterre vers l’Italie et vers Rome du leader, Dave Morecroft, suite au Brexit. Cela serait cependant trop réducteur de ne voir que cet aspect qui pourrait sembler simpliste. En effet, la musique proposée par Dave Morecroft (claviers, voix) et ses acolytes (Ben Powling aux saxophones, Arthur O’Hara à la basse et au chant et Luke Reddin-Williams à la batterie + en invité sur 4 morceaux Kieran McLeod au trombone) se veut innovante, allant vers des espaces non encore exploités, un melting-pot de styles, même si parfois certaines références peuvent apparaître (Frank Zappa, Van der Graaf Generator pour ce travail aux saxophones). Le meilleur exemple est le titre qui clôt l’album « Onward », morceau frôlant les 6 minutes (!!!), avec un crescendo où le jeu de batterie est assez impressionnant. On peut rapprocher WorldService Project du mouvement « nouveau jazz anglais » (ce côté explorateur de nouveaux sons, avec une pincée de psychédélisme), même si les sons proposés ici sont bien différents de ceux de groupes comme The Comet Is Coming ou encore Maisha. En résumé, voici un album qui « fait du bien aux oreilles » par son côté non conventionnel (assez punk en fait) et rafraîchissant. Plus que recommandable.
Sergio Liberati