Xavier Martin, The Cure
Littérature : le rendez-vous aléatoire du samedi…
Xavier Martin,
The Cure – Paroles de fans
Née d’une frustration, celle de deux amis passionnés par Ian Curtis et Joy Division qui ne trouvaient personne pour publier leur acte de foi, la maison d’édition Camion Blanc compte aujourd’hui plus de cinq-cents titres dans un catalogue chargé de références musicales. « L’éditeur qui véhicule le rock ! », tel est son apophtegme ! Du rock, oui… mais aussi quelques artistes à la croisée des genres (Robert Wyatt, Leonard Cohen, Arvo Pärt, … pour n’en citer que quelques-uns). Puis une collection plus conceptuelle, créée en 2016 : « Paroles de fans » qui, vous le devinez, s’éloigne des traditionnelles biographies dont chacun finit pas connaître les détails… Car aux fans on ne la fait plus ! Et certainement pas à ceux qui vénèrent le sacro-saint Robert Smith !
En fait, il existe plusieurs Cure, qui se sont interchangés au fil du temps, au fil des années trop vite écoulées… Quarante ans déjà, bref flash-back…
Des débuts aux relents de post-punk, déjà portés sur l’existentialisme. « Killing an Arab », une référence à Camus auquel on pense beaucoup en ces jours de confinement intra-européen forcé qui, on l’espère, n’anticiperont pas une autre ère que les nationalistes de tout poil appellent de tout leur manque de solidarité… S’en suit – pour les « anciens » – la meilleure période de Cure. Le binôme « Seventeen Seconds » / « Faith », deux albums dont la beauté obscure est essentielle à l’histoire du rock. A écouter inlassablement ! Robert Smith poussera le bouchon de la noirceur encore un peu plus loin, une dernière fois (ou presque)… « Pornography » est unique, glacial, définitif ! Il y a un avant « Pornography », puis un après sur lequel il sera peu utile de s’étendre. Revenu survivant des abysses, Robert Smith change son allure de corbeau pour une veste nettement plus scintillante. Il lâche ainsi sans émois les fans de la première heure dont beaucoup ne se reconnaîtront plus dans cette pop lumineuse, dont le hit « The Lovecats » symbolise la rupture. Dans ce « paroles de fans », ils s’en expliquent et en débattent de façon inconsciente. The Cure, à longueur d’existence, a créé ses adeptes de la « madeleine de Proust », issus de générations différentes. Si vous interrogez les fans de Pink Floyd, le ressenti sera clairement différent selon leur âge, ce qui créera inévitablement une rupture post-Barrett. A la lecture de ce recueil de témoignages, on apprend qu’il en va de même pour les fans de ce gang né à Crawley. A chaque facette de Cure son fan ! Oui, il existe plusieurs « Cure », mais il n’existe qu’une seule passion… Bonne lecture !
Joseph « YT » Boulier